L’Ukraine a affirmé, dimanche, avoir repris « la moitié » de Severodonetsk et progressé dans cette ville-clé du Donbass sous le feu intensif des forces russes. Ce lundi, à la télévision ukrainienne 1+1, Serhi Haïdaï, gouverneur de la région de Louhansk, a affirmé que : « Les combats sont très acharnés à Severodonetsk. Nos défenseurs ont réussi à contre-attaquer et libérer la moitié de la ville, mais la situation s’est aggravée pour nous », sans plus de détails. Selon lui, les bombardements se sont encore intensifiés sur cette ville ainsi que sur Lyssytchansk, ville voisine située sur « les hauteurs » et stratégique pour « tenir la ligne de défense ». Les Russes « détruisent tout avec leur tactique habituelle de terre brûlée » pour qu’il « ne reste plus rien à défendre », a-t-il accusé.
La résistance ukrainienne à Severodonetsk « continuera probablement à attirer l’attention des forces russes sur la région de Louhansk et laissera donc des vulnérabilités dans les efforts défensifs russes dans la région de Kharkiv et le long de l’axe sud », a analysé dimanche l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).
Général russe tué
Le général de division Roman Kutuzov a été tué dans l’est de l’Ukraine, rapportent un journaliste de télévision russe et plusieurs médias russes. Sa mort s’ajoute à la série de pertes militaires de haut rang subies par Moscou. Selon la chaîne Telegram Military Informant, il a été tué lors d’une mission de combat dans la région de Popasna. Le ministère de la défense russe n’a pas confirmé l’information.
La Russie n’a pas mis à jour le nombre officiel des victimes militaires en Ukraine depuis le 25 mars, date à laquelle elle a affirmé que 1 351 soldats russes avaient été tués depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Selon les sources occidentales, les Russes ont perdu de 12 à 15 000 hommes.
Flotte russe repoussée
L’armée ukrainienne a assuré lundi avoir repoussé la flotte russe d’une centaine de kilomètres des côtes ukrainiennes en mer Noire, où les navires de Moscou organisent depuis des semaines un blocus naval. «À la suite de nos actions destinées à défaire les forces navales ennemies, le groupe de navires de la flotte russe de la mer Noire a été repoussé des côtes ukrainiennes à une distance de plus de cent kilomètres», a affirmé le ministère ukrainien de la Défense sur Telegram. Selon le ministère, les troupes russes ont été en conséquence contraintes de déployer des systèmes de défense côtière en Crimée et dans la région méridionale ukrainienne de Kherson, qu’elles occupent. Elles ont également envoyé des renforts sur l’île aux Serpents, un petit territoire en mer Noire qu’elles ont conquis au premier jour de l’invasion. «Nous avons privé la flotte russe du contrôle total de la partie nord-ouest de la mer Noire, qui est devenue une zone grise», a encore assuré le ministère, ajoutant que Moscou tentait actuellement d’y reprendre le dessus. Selon Kiev, «la menace de tirs de missiles russes à partir de la mer demeure» cependant. Des navires russes continuent aussi de «bloquer la navigation civile» dans cette zone, selon la même source.
Pas de perte de chars…
«C’est un autre exemple de falsification fabriquée par la Russie pour justifier cette guerre brutale contre l’Ukraine», a réagi Serhii Leshchenko, le directeur adjoint du conseil de surveillance de la compagnie de chemins de fer ukrainienne, après que la Russie a affirmé avoir détruit plusieurs de leurs chars à Kiev.
En effet, la capitale ukrainienne était hier victime de nouveaux bombardements, visant notamment un atelier de réparation de wagons de marchandises, dans le sud-est de la ville. «Des missiles de haute précision et de longue portée tirés sur la banlieue de Kiev ont détruit des chars T-72 fournis par des pays d’Europe de l’Est et d’autres blindés qui se trouvaient dans des hangars», avait déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. Une affirmation rapidement démentie par les responsables et témoins ukrainiens sur place.
Lavrov empêché, Moscou en colère
Moscou a fustigé ce lundi la fermeture «scandaleuse» et «hostile» par trois pays européens de leur espace aérien à l’avion qui devait emmener en Serbie le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, visé par des sanctions européennes en raison de l’offensive en Ukraine. «L’inconcevable s’est produit», a déclaré Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse en ligne convoquée en urgence. «On a privé un Etat souverain de son droit d’exercer sa politique extérieure», a-t-il ajouté, dénonçant cette mesure «scandaleuse». La Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro, tous trois membres de l’Otan, ont fermé leur espace aérien à l’avion de Sergueï Lavrov qui devait se rendre en Serbie pour une visite de deux jours, en invoquant des sanctions imposées par Bruxelles à la Russie.
Avant d’être bloqué, le chef de la diplomatie russe avait mis en garde les pays occidentaux contre les livraisons à Kiev d’armes à longue portée, prévenant que plus les forces ukrainiennes recevront ces armes, plus loin la Russie les repoussera. «Plus les armes à longue portée que vous livrerez seront performantes, plus nous repousserons loin de notre territoire les lignes» ukrainiennes. Il réagissait à la décision du Royaume-Uni de fournir à l’Ukraine des lance-roquettes d’une portée de 80 kilomètres pour faire face à l’offensive russe. Cette décision a été prise en « étroite coordination » avec les Etats-Unis, qui ont annoncé la semaine dernière la fourniture de systèmes Himars d’une portée de 80 kilomètres, c’est-à-dire des lance-roquettes multiples montés sur des blindés légers.
Céréales : l’Ukraine n’y croit pas
« Il n’y a pas de problème pour exporter les céréales d’Ukraine », a affirmé Vladimir Poutine vendredi, après un entretien avec Macky Sall, le président en exercice de l’Union africaine. Mais Dmytro Kuleba, le ministre des affaires étrangères ukrainien, n’en croit pas un mot. Dans un tweet, ce lundi, il met en garde les Occidentaux contre les promesses du président de la Fédération de Russie, qui avait assuré que Moscou n’emploierait pas les routes commerciales pour attaquer le port d’Odessa : « C’est le même Poutine qui a dit au chancelier allemand Scholz et au président français Macron qu’il n’attaquerait pas l’Ukraine – quelques jours avant de lancer une invasion à grande échelle de notre pays. Nous ne pouvons pas faire confiance à Poutine, ses mots sont vides de sens. »
Emmanuel Macron a annoncé mardi dernier avoir proposé à Vladimir Poutine le vote d’une résolution à l’ONU pour lever le blocus russe du port d’Odessa afin de permettre l’exportation des céréales ukrainiennes qui y sont bloquées, bien davantage de maïs que de blé.