Des combats intenses se poursuivaient mercredi dans la ville stratégique de Severodonetsk, le gouverneur de cette région du Donbass évoquant un retrait possible des forces de Kiev, tandis que les chefs des diplomaties russe et turque discutaient du déblocage des exportations des céréales ukrainiennes.
«Il faudra peut-être se retirer» de Severodonetsk, a indiqué mercredi Sergueï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk, sur la chaîne ukrainienne 1+1. Mardi soir, il avait déjà indiqué que tenir cette ville tenait de la «mission impossible», même si le ministère ukrainien de la Défense affirmait encore mercredi matin que les forces ukrainiennes «résistent aux attaques» russes.
Depuis la chute le 20 mai du port de Marioupol, sur la mer d’Azov, les Russes concentrent leur offensive sur cette ville de Severodonetsk à la limite occidentale de la région de Lougansk, une des deux régions du Donbass avec celle de Donetsk. Ils visent à prendre le contrôle total du Donbass, déjà partiellement contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014.
Volodymyr Zelensky a promis une «défense héroïque» dans les combats intenses de Severodonetsk
Pas d’accord sur le blé

A Ankara, le ministre russe des Affaires étrangères a étalé ses bonnes intentions mais aucun accord n’a été trouvé durant ses discussions d’à peine une heure avec son homologue turc Melvut Cavusoglu. La Russie est « prête » à garantir la sécurité des navires céréaliers quittant les ports ukrainiens, avec la coopération de la Turquie, a assuré Sergueï Lavrov. « Nous sommes prêts à garantir la sécurité des navires qui quittent les ports ukrainiens (…) en coopération avec nos collègues turcs », a-t-il déclaré si les Ukrainiens déminent le port d’Odessa et si la Russie est libre d’exporter. Le ministre turc a également estimé que la levée des sanctions visant les exportations agricoles russes est « légitime ». « Si nous devons ouvrir le marché international ukrainien, nous pensons que lever les obstacles aux exportations russes est légitime », a déclaré M. Çavusoglu. M. Çavusoglu a spécifiquement mentionné les exportations « de céréales et d’engrais » qui ne sont pas concernées par les sanctions occidentales à l’encontre de Moscou mais sont, de fait, empêchées par la suspension des échanges bancaires et financiers.
L’Ukraine refuse de déminer le port d’Odessa pour permettre la reprise de ses exportations de céréales, car elle craint que les forces russes n’en profitent pour attaquer la ville, selon le porte-parole de l’administration de la région d’Odessa, Sergey Bratchuk. Si l’Ukraine démine le principal port du pays, la Russie « voudra attaquer, elle rêve de parachuter des troupes », a-t-il déclaré dans un message vidéo sur Telegram. « La flotte russe de la mer Noire fera semblant de se retirer vers la Crimée annexée. Mais dès qu’on déminera les accès au port d’Odessa, la flotte russe sera là », affirme-t-il.
Macron moqué par la télévision russe
La chaîne de télévision d’État russe Rossiya 1 s’est moqué d’Emmanuel Macron, lui reprochant de se mettre en scène lors de ses tentatives pour joindre Vladimir Poutine au téléphone.

Les efforts diplomatiques d’Emmanuel Macron sont souvent tournés en ridicule par ses adversaires depuis le début de la guerre en Ukraine. Cette fois, les moqueries proviennent directement de Moscou. Lundi 6 juin, la chaîne de télévision d’État russe Rossiya 1 s’est permis de railler le comportement du président français, inventant même un terme pour décrire ses tentatives de paix : la «macronite».
«Macron a appelé très souvent, mais heureusement, Poutine n’a pas toujours décroché», s’est félicité l’animateur Vladimir Solovyov sur le plateau de Rossiya 1. «Alors, Macron prend des médicaments, se demandant si Poutine va décrocher. Nous avons désormais un nouveau mot : la macronite. Ce qui signifie, appeler pour rien», a ironisé l’éditorialiste, encouragé par les rires de ses invités.
Kiev critique Merkel
Kiev s’est montré ce mercredi peu convaincu par les explications de l’ex-chancelière allemande Angela Merkel, qui a défendu la veille sa politique de rapprochement vis-à-vis de la Russie, sur fond d’invasion de l’Ukraine par les forces de Moscou. Désormais retirée de la politique, Angela Merkel, qui a dirigé pendant 16 ans la première économie européenne, a estimé ne pas avoir à «s’excuser» d’avoir misé sur la diplomatie et le commerce pour tenter d’éviter une guerre en Ukraine.

De son côté, Mikhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, a reproché mercredi à l’ancienne chancelière d’avoir soutenu le projet de gazoduc controversé Nord Stream 2, destiné à acheminer le gaz russe en Europe via l’Allemagne notamment. «Si la chancelière Merkel a toujours su que la Russie préparait une guerre et que l’objectif de Poutine est de détruire l’UE, alors pourquoi construire Nord Stream 2», a-t-il écrit sur Twitter.
Il a accusé Angela Merkel d’avoir favorisé la dépendance européenne au gaz et au pétrole russes. Dans ces propos mardi, Angela Merkel a assuré avoir été consciente depuis plusieurs années de la menace que faisait peser le président russe Vladimir Poutine sur la sécurité européenne mais qu’il était dans l’intérêt de l’Allemagne de «trouver un modus vivendi avec la Russie». « J’ai fait tout mon possible pour éviter que les choses aillent dans le mauvais sens. Mais, si la diplomatie a échoué, cela ne signifie pas que ça n’était pas la voie à suivre. Donc je ne vois pas pourquoi je devrais m’excuser », a déclaré l’ancienne dirigeante, six mois presque jour pour jour après son départ du pouvoir.