Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Serhi Haïdaï, gouverneur de l’oblast de Louhansk, dément que des soldats ukrainiens soient bloqués et retiennent des centaines de civils dans les sous-sols de l’usine Azot de Severodonetsk. « Les nôtres tiennent la zone industrielle (…) et détruisent l’armée russe dans la ville. Ne croyez que l’information officielle », met-il en garde.
« L’ennemi continue de mener des assauts dans la ville de Severodonetsk », a déclaré samedi matin le chef d’état-major des armées ukrainiennes, précisant que quatorze attaques avaient été repoussées dans les régions de Donetsk et Louhansk en vingt-quatre heures, mais que les troupes russes rencontraient un « succès partiel » aux abords du village d’Orikhovo.
La prise de la ville ouvrirait à Moscou la route d’une autre grande ville, Kramatorsk, étape importante pour conquérir l’intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone de l’est de l’Ukraine, en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.
Zelensky et le blocus des ports
Le président ukrainien a lancé un nouvel appel ce samedi à une pression internationale pour obtenir que la Russie mette fin au blocus des ports ukrainiens de la Mer Noire, permettant ainsi des exportations nécessaires pour éviter une crise alimentaire mondiale. S’adressant, par vidéo, au forum sur la sécurité en Asie-Pacifique, le Shangri-La Dialogue, il a prévenu que, faute d’une reprise des exportations ukrainiennes, «le monde devra faire face à une sévère crise alimentaire, et même des famines, dans de nombreux pays en Asie et en Afrique».
L’Ukraine était, avant l’invasion russe, le plus important producteur mondial d’huile de tournesol et l’un des principaux exportateurs de blé, et des millions de tonnes de céréales sont actuellement bloquées, faute de pouvoir les exporter en raison du blocus russe. Les Nations unies et certains pays poussent pour que soit ouvert un corridor maritime permettant aux exportations ukrainiennes de reprendre.
L’Allemagne critiquée
Les armes promises par Berlin arrivent au compte-gouttes, assure Andrij Melnyk, l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, dans une interview à la station ukrainienne Radio NV. Il rappelle que le Bundestag a décidé le 28 avril 2022 de l’envoi d’armes lourdes à l’Ukraine, mais « au 105e jour de la guerre (…), pas une seule, je le répète, pas une seule unité d’équipement lourd – du moins de l’artillerie, des obusiers, des véhicules de combat d’infanterie, des chars – n’a été livrée à l’Ukraine », dit l’ambassadeur.
Andrij Melnyk a ajouté que l’Allemagne n’a, jusqu’à présent, envoyé que des armes légères : missiles antichars, missiles antiaériens portables, mines, grenades, mitrailleuses, camions, véhicules blindés. Il a aussi détaillé le type d’armes lourdes promises par l’Allemagne : sept obusiers automoteurs que l’Ukraine recevra vers le 22 juin et les trente systèmes antiaériens Guépard : quinze à la fin de juillet et quinze de plus à la fin d’août. Ce type de blindés n’est plus en service et il faut du temps pour les déstocker, les mettre en service et les envoyer en Ukraine.
Zelensky n’a pas écouté
Le président américain Joe Biden a déclaré vendredi que son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky n’avait « pas voulu entendre » les avertissements des Etats-Unis avant le déclenchement de l’invasion russe en février. « Je sais que beaucoup de gens pensaient que j’exagérais », a affirmé Joe Biden lors d’une réception destinée à la collecte de fonds à Los Angeles, en faisant référence à son avertissement sur la possibilité d’une attaque russe. « Mais je savais que nous avions des informations pour soutenir » cette évaluation de la situation, a-t-il ajouté devant les journalistes. Le président russe Vladimir « Poutine allait franchir la frontière. Et cela ne faisait pas de doute, et Zelensky, comme beaucoup d’autres gens, ne voulait pas l’entendre. Je comprends pourquoi ils ne voulaient pas l’entendre, mais il (Poutine) est entré ». Les avertissements avaient suscité l’incrédulité et même des critiques voilées de la part de M. Zelensky et de certains alliés européens de Washington, qui estimaient à l’époque que les États-Unis étaient trop alarmistes.
Passeports russes à Kherson
Les forces russes ont organisé une cérémonie de remise des passeports dans le territoire occupé de l’oblast de Zaporijia, rapporte le média ukrainien Ukraïnska Pravda, qui relève que « l’occupant ne dit pas combien de personnes sont venues chercher leurs passeports, bien qu’ils aient précédemment écrit qu’ils avaient reçu des demandes de plus de 70 000 personnes ».
L’agence TASS, elle, explique que les administrations civiles et militaires des régions de Zaporijia et de Kherson ont remis 23 passeports à des habitants de Melitopol et de Kherson, grâce à une « procédure simplifiée » permise par un décret signé à la fin de mai par le président russe, Vladimir Poutine. « Tous nos habitants de Kherson veulent obtenir un passeport et la citoyenneté [russe] le plus rapidement possible », a assuré durant cette cérémonie Vladimir Saldo, le chef de l’administration prorusse de la région, cité par TASS. Selon Kiev, aucun habitant de Kherson ne choisirait le passeport russe s’il avait le choix.
L’UE et l’Ukraine
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, en visite surprise à Kiev a promis une réponse «la semaine prochaine» aux ambitions de l’Ukraine de se porter candidate à l’adhésion à l’UE.
«Nous voulons soutenir l’Ukraine dans son parcours européen», a déclaré Mme von der Leyen lors d’une courte conférence de presse suivant son entretien avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors que les combats se poursuivent dans l’Est avec les soldats russes qui ont envahi le pays le 24 février.
«Les discussions d’aujourd’hui vont nous permettre de finaliser notre évaluation d’ici la fin de la semaine prochaine», a-t-elle ajouté, soulignant que les autorités ukrainiennes ont «fait beaucoup» en vue d’une candidature, mais qu’il y a «encore beaucoup à faire», notamment dans la lutte anticorruption.
La cheffe de la Commission européenne doit encore s’entretenir avec le premier ministre ukrainien Denys Chmygal pour cette visite à Kiev, sa deuxième depuis le début de la guerre, la précédente ayant eu lieu le 8 avril.