L’état-major ukrainien dit avoir encore repoussé des incursions russes dans cette ville, où les deux armées s’affrontent, parfois rue par rue, depuis des semaines. La ville voisine de Lyssytchansk subit toujours des bombardements constants.
Ce qui inquiète les combattants ukrainiens n’est pas Severodonetsk, la ville étant depuis quelques semaines considérée comme perdue, mais l’encerclement éventuel de sa ville jumelle, Lissitchansk, que l’armée russe attaque à la fois par le nord et par le sud. Si celle-ci tombait, ce serait la fin de la poche de Louhansk.
La région de Louhansk est, avec celle de Donetsk, la cible prioritaire de Moscou depuis l’échec de l’offensive contre Kiev, la capitale ukrainienne. La conquête des deux provinces du Donbass, partiellement occupées depuis 2014, était d’ailleurs l’objectif officiel de la Russie au déclenchement de la guerre, le 24 février, lorsque le président, Vladimir Poutine, prétendait vouloir arrêter le « génocide » des russophones dans le Donbass.
Vu de Londres
Le ministère de la défense britannique a expliqué ce dimanche que, lors des derniers jours, « la Russie et l’Ukraine avaient continué de procéder à des bombardements d’artillerie lourde sur des axes au nord, à l’est et au sud de la région de Severodonetsk », notant toutefois qu’il y avait eu « peu de changement sur la ligne de front ».
Par ailleurs, déclare le ministère, « les forces ukrainiennes ont probablement subi des désertions au cours des dernières semaines ». « Cependant, le moral des troupes russes reste très probablement et particulièrement touché. Des unités russes entières refusent des ordres, et des affrontements armés entre des officiers et leurs troupes continuent d’avoir lieu. » Selon le ministère, « les autorités russes ont probablement du mal à exercer une pression juridique sur les dissidents militaires, en raison du statut officiel de l’invasion qualifiée par Moscou d’“opération militaire spéciale” et non de “guerre” ». « De nombreux militaires russes de tous grades restent également confus quant aux objectifs de la guerre », d’après le ministère. « Le problème du moral de la force russe est probablement si important qu’il limite la capacité de la Russie d’atteindre ses objectifs opérationnels. »
Perte de 50% du matériel
Le général Volodymyr Karpenko, chef de la logistique de l’armée de terre ukrainienne, a affirmé, dans un entretien au National Defense Magazine, une publication américaine spécialisée, que Kiev avait perdu « environ 50 % » de ses armements depuis le début de la guerre déclenchée par Moscou.
« Environ 1 300 véhicules de combat d’infanterie ont été perdus, 400 tanks, 700 systèmes d’artillerie », a-t-il détaillé. Il s’agit là d’une estimation « basée sur la longueur du front et l’intensité des combats », précise ensuite le général. « Nous avons reçu un grand nombre de systèmes d’armement, mais malheureusement (…) cela ne couvre que 10 à 15 % de nos besoins », poursuit-il, répétant ainsi le besoin de son pays d’obtenir plus d’armes lourdes. Vous devez comprendre que la ligne de front s’étale sur 2 500 kilomètres. Et le front où des combats actifs ont lieu est long de plus de 1 000 km. C’est la distance entre Kiev et Berlin. Aujourd’hui, toutes les personnes combattant dans nos forces armées et dans les secteurs de la défense et de la sécurité sont au nombre d’un million. Et nous devons tous les soutenir.
La guerre pendant des années
La guerre en Ukraine pourrait durer pendant « des années », a mis en garde le secrétaire général de l’OTAN, dans une interview publiée dimanche par le quotidien allemand Bild, exhortant les pays occidentaux à inscrire leur soutien à Kiev dans la durée.
« Nous devons nous préparer à ce que cela puisse durer des années, a dit Jens Stoltenberg. Nous ne devons pas faiblir dans le soutien à l’Ukraine, même si les coûts sont élevés, pas seulement en ce qui concerne le soutien militaire, mais aussi en raison des prix de l’énergie et de l’alimentation qui montent. . Ces coûts ne sont rien en comparaison du prix que payent quotidiennement les Ukrainiens au front, a jugé le chef de l’Alliance atlantique.
En outre, si le président russe, Vladimir Poutine, devait atteindre ses objectifs en Ukraine, comme lors de l’annexion de la Crimée, en 2014, « il nous faudrait alors payer un prix encore plus important », a averti M. Stoltenberg. Il a, dans ce contexte, exhorté les pays de l’Alliance à poursuivre leurs livraisons d’armes à Kiev. « Avec des armes modernes supplémentaires, la probabilité pour l’Ukraine de pouvoir repousser les troupes de Poutine du Donbass augmenterait », a-t-il assuré.