« Les Russes s’approchent de Lyssytchansk, prennent pied dans les villes voisines et bombardent la ville avec leurs avions. » Les forces russes progressent dans l’est ukrainien et vise cette ville industrielle stratégique que leur artillerie « détruit complètement », selon des informations apportées mercredi 22 juin par les responsables ukrainiens, à la veille d’un sommet européen où Kiev espère obtenir le statut officiel de candidat à l’UE. Déjà ciblée par l’armée russe il y a quelques jours, la ville ukrainienne de Mykolaïv (Sud) est à nouveau sous les bombes. Au moins sept missiles ont été tirés, annonce sur Telegram le gouverneur local Vitalyi Kim.
Un incendie s’est déclaré ce mercredi dans une raffinerie de pétrole située dans une région de Russie frontalière de l’Ukraine. « Selon une version, l’incendie a été causé par une attaque de drones sur les installations techniques de l’usine. Des fragments appartenant à deux drones ont été trouvés sur le territoire » de la raffinerie, a déclaré sur Telegram le gouverneur de la région de Rostov-sur-le-Don, Vassili Goloubev, sans autre précision. D’après lui, l’incendie n’a fait aucune victime et a été éteint en fin de matinée. Les opérations de la raffinerie seront suspendues jusqu’aux conclusions d’une enquête pour évaluer l’étendue des dégâts, a-t-il ajouté.
Discussions sur le blé
Une délégation du ministère de la défense turc était à Moscou, ce mercredi, pour de nouvelles discussions destinées à permettre de sortir par la mer Noire les céréales bloquées en Ukraine à cause de l’offensive militaire russe. « Les parties ont discuté des questions liées à la sécurité des navires marchands et l’exportation des céréales depuis les ports ukrainiens, ainsi que d’approches pour assurer la sûreté de la navigation en mer Noire », a fait savoir, de son côté, le ministère de la défense russe dans un communiqué.
Un navire marchand turc a quitté le port ukrainien de Marioupol après ces discussions, a annoncé le ministère de la défense turc. « Quelques heures seulement après la fin de la longue réunion, le cargo turc Azov Concord, qui attendait depuis des jours, a quitté le port ukrainien », a indiqué le ministère dans un communiqué, affirmant qu’il s’agit du « premier navire étranger à quitter le port ukrainien de Marioupol », tombé aux mains des Russes en mai.
Des millions de tonnes de blé sont coincées dans les ports ukrainiens du fait de l’assaut lancé par la Russie contre son voisin fin février, si bien qu’une crise alimentaire mondiale se dessine. Ankara, qui s’efforce d’entretenir de bons rapports avec Moscou et Kiev, a proposé d’aider à organiser le transport des céréales, sur la base d’un plan de l’ONU impliquant la Russie et l’Ukraine. Moscou affirme ne pas empêcher la sortie de navires marchands et accuse l’Ukraine d’avoir paralysé le transport maritime, en minant ses ports. Kiev, de son côté, craint une attaque maritime de la Russie sur sa côte de la mer Noire, alors que l’armée russe occupe déjà une grande partie du Sud ukrainien, notamment la totalité des rives de la mer d’Azov. L’Ukraine accuse aussi la Russie de s’être approprié les récoltes de ces territoires occupés.
Moscou accuse Berlin
Dans un contexte de vives tensions entre la Russie et l’Allemagne liées à l’Ukraine, Moscou, qui commémore mercredi l’invasion de l’URSS par les nazis en 1941, a accusé l’Allemagne de « mener des attaques quotidiennes qui alimentent l’hystérie russophobe ».
« Berlin, par ses paroles et ses actes, menace les résultats des efforts fournis depuis des décennies par la Russie et l’Allemagne pour surmonter l’inimitié [née] après la guerre », a ajouté la diplomatie russe dans un communiqué.
MSF : souffrances « choquantes »
Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé ce mercredi un « niveau choquant » de souffrance que la violence aveugle de la guerre en Ukraine cause aux civils, victimes d’« attaques indiscriminées constantes ». Entre le 31 mars et le 6 juin, l’ONG a procédé à l’évacuation médicale par train de 653 patients des zones touchées par la guerre dans l’est du pays vers des hôpitaux situés dans des régions plus sûres. Pendant le voyage, qui prend vingt à trente heures, des infirmières et des médecins ont prodigué des soins pour qu’ils restent stables.
Les données médicales et les récits des patients évacués par ce train montrent que la guerre « est menée avec un manque de soin scandaleux pour distinguer et protéger les civils » et « révèlent des attaques indiscriminées constantes contre les civils », explique MSF dans un communiqué.
Plus de 40 % des blessés de guerre du train étaient des personnes âgées et des enfants souffrant de blessures à la suite d’explosions, d’amputations traumatiques, d’éclats d’obus et de blessures par balle. C’est, selon l’organisation médicale humanitaire, un manque de respect pour la protection des civils, « ce qui constitue une violation grave du droit humanitaire international ».
Le Nobel pour l’Ukraine
Dmitri Mouratov, rédacteur en chef russe du journal d’investigation indépendant Novaïa Gazeta, a vendu lundi 21 juin aux enchères sa médaille de prix Nobel de la paix 103,5 millions de dollars, au profit des enfants déplacés par le conflit en Ukraine. Le montant de cette vente, décrochée par un enchérisseur au téléphone dont l’identité n’a pas été dévoilée, sera reversé au programme de l’Unicef consacré aux enfants ukrainiens déplacés par la guerre, selon Héritage Auctions, qui s’est chargé de la vente. Dmitri Mouratov avait remporté le prestigieux prix en 2021, aux côtés de la journaliste philippine Maria Ressa, le comité les honorant «pour leurs efforts visant à préserver la liberté d’expression».
Le journal Novaïa Gazeta a annoncé fin mars suspendre ses publications en ligne et au format papier en Russie jusqu’à la fin de l’intervention en Ukraine, en plein durcissement du Kremlin contre les voix dissonantes. Dmitri Mouratov faisait partie d’un groupe de journalistes qui ont fondé Novaïa Gazeta en 1993 après la chute de l’Union soviétique. Avant la suspension de ses opérations, le journal était le dernier à exprimer des critiques envers le président russe Vladimir Poutine. Novaïa Gazeta est notamment connu pour ses enquêtes sur la corruption et les atteintes aux droits humains en Tchétchénie.
.