Une nouvelle fois, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé un appel à Moscou, estimant qu’il était « temps » de discuter de « paix et de sécurité » faute de quoi les conséquences pour la Russie se feront ressentir sur plusieurs générations. « Des négociations portant sur la paix et la sécurité pour l’Ukraine sont la seule chance pour la Russie de minimiser les dégâts causés par ses propres erreurs », a déclaré M. Zelensky dans une vidéo publiée sur Facebook, filmée de nuit dans une rue déserte. « Il est temps de nous réunir. Il est temps de discuter. Il est temps de restaurer l’intégrité territoriale et la justice pour l’Ukraine », a plaidé le chef d’Etat. Il a aussi demandé à la Chine de condamner « la barbarie russe ».Vendredi soir, le chef de la délégation russe aux pourparlers avec Kiev avait annoncé avoir constaté un « rapprochement » des positions sur la question d’un statut neutre de l’Ukraine et des progrès sur celle de la démilitarisation du pays. « Le sujet du statut de neutralité de l’Ukraine et de sa non-adhésion à l’Otan est l’un des points clés des négociations, c’est le point sur lequel les parties ont rapproché le plus possible leurs positions », avait déclaré Vladimir Medinski, cité par les agences russes. Il avait toutefois relevé des « nuances » à propos des « garanties de sécurité » réclamées par l’Ukraine. Les Occidentaux doutent que Poutine ait réellement la volonté de négocier et, ce samedi, le Britannique Boris Johnson a affirmé que ce serait une « erreur » de retrouver des relations normales avec la Russie, même si l’invasion russe de l’Ukraine cessait.
Moscou ne s’engage pas sur cette voie : des dizaines de personnes ont été tuées dans une frappe vendredi contre une caserne militaire dans le sud de l’Ukraine, à Mykolaïv, ont raconté ce samedi des témoins à l’AFP, alors que les opérations de secours se poursuivent. « Pas moins de 200 soldats dormaient dans les baraquements », selon Maxime, un militaire de 22 ans interrogé sur place. « Au moins 50 corps ont été extraits, mais on ne sait pas combien il en reste sous les décombres », poursuit le jeune soldat. Evguéniï, un autre militaire sur place, estime que les frappes pourraient avoir fait 100 morts. « Nous continuons à compter mais c’est impossible de savoir vu l’état des corps », a dit un sauveteur interrogé par l’AFP. Le site qui se trouve dans le nord de cette ville a été complètement dévasté après avoir été frappé par six roquettes. Mykolaïv et sa région sont le théâtre de violents combats et bombardements russes. La ville est stratégique car elle constitue le dernier verrou avant la grande cité portuaire d’Odessa.
A Marioupol, le bilan demeure flou après le bombardement du théâtre. 130 personnes ont pu sortir jeudi et des centaines resteraient toujours bloquées. La Russie affirme que ses forces combattent en centre-ville aux côtés de troupes de la « république » séparatiste de Donetsk. Le maire a confirmé que les échanges de tirs avaient atteint le centre de la ville. Marioupol a aussi perdu son accès à la mer d’Azov. Elle serait la deuxième ville à tomber totalement après Kherson.
Pour bien montrer la puissance et la détermination de Moscou, le ministère russe de la Défense a déclaré samedi 19 mars avoir utilisé la veille des missiles hypersoniques « Kinjal » pour détruire un entrepôt souterrain d’armements dans l’ouest de l’Ukraine. Ces missiles, très manœuvrables, défient tous les systèmes de défense anti-aérienne, selon Moscou. Leur utilisation est une première dans le conflit en Ukraine, selon l’agence d’Etat Ria Novosti.
Depuis le 24 février, plus de 3,5 millions de réfugiés ont fui l’Ukraine indiquent les Nations unies, tandis que près de 6,5 millions de personnes seraient déplacées à l’intérieur du pays. « Les gens continuent de fuir parce qu’ils ont peur des bombes, des frappes aériennes et des destructions aveugles », a déclaré le chef du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. « L’aide est vitale mais ne peut pas mettre fin à la peur. Seul l’arrêt de la guerre peut le faire« , a-t-il commenté.