La Russie a démenti ce mardi avoir frappé un centre commercial bondé la veille à Krementchouk en Ukraine, assurant qu’une galerie commerçante désaffectée avait pris feu après une frappe ciblée contre un entrepôt d’armes. Les Ukrainiens ont fait eux état de 18 morts dans le bombardement du site commercial très achalandé à ce moment-là.
Le ministère russe de la Défense a dans son communiqué quotidien assuré avoir détruit avec des missiles de « haute précision » des entrepôts d’armements livrés par les Occidentaux qui se situaient sur le territoire d’une usine de véhicules de chantier mitoyenne du centre commercial.
« Les détonations des munitions destinées à des armes occidentales ont provoqué l’incendie (…) d’un centre commercial qui n’était pas ouvert », a affirmé l’armée russe.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé lui que les « explications exhaustives du ministère de la Défense démentent totalement la version » ukrainiennes des faits.
L’Ukraine avait de son côté dès lundi dénoncé une attaque ayant ravagé un centre commercial bondé, faisant au moins 18 morts selon un bilan encore provisoire. La frappe a été qualifié de « crime de guerre » par les pays du G7.
Depuis l’offensive lancée contre son voisin ukrainien le 24 février, la Russie a systématiquement rejeté toutes les accusations de frappes ou de crimes ayant visé des civils, parlant de mises en scène ou rejetant la faute sur l’adversaire.
Au moins huit civils ukrainiens ont été tués et 21 autres blessés dans un bombardement russe lundi pendant qu’ils collectaient de l’eau à Lyssytchansk (est), ville jumelle de celle de Severodonetsk récemment prise par les forces de Moscou, a annoncé le gouverneur régional. « Les Russes ont tiré sur une foule de gens avec des lance-roquettes multiples Ouragan, au moment où les civils collectaient de l’eau à partir d’une citerne. Huit habitants de Lyssytchansk sont morts, 21 ont été emmenés à l’hôpital », a écrit sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk. Cette localité est la prochaine cible des forces russes après leur occupation totale de Severodonetsk.
Quand l’Ukraine capitulera…
Le Kremlin a jugé ce mardi que son offensive en Ukraine se terminerait quand les autorités et l’armée ukrainienne auront capitulé. « La partie ukrainienne peut mettre fin (au conflit) dans la journée. Il faut ordonner aux unités nationalistes de déposer les armes, il faut ordonner aux soldats ukrainiens de déposer les armes et il faut mettre en œuvre toutes les conditions fixées par la Russie. Alors tout sera fini en une journée », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine.
Selon lui, aucun délai ni calendrier n’est fixé côté russe: « nous nous orientons par rapport aux déclarations de notre président ».
M. Peskov a une nouvelle fois assuré que « l’opération militaire spéciale se déroulait selon les plans », utilisant euphémisme de rigueur en Russie pour parler de l’assaut sur l’Ukraine.
Il réagissait aux propos prêtés au président ukrainien Volodymyr Zelensky devant les chefs d’Etat et de gouvernement du G7 les appelant « à faire le maximum » pour mettre un terme au conflit qui ravage son pays avant la fin de l’année.
Ce matin, lors de ce sommet, le président français Emmanuel Macron a martelé que la Russie ne « devait pas gagner » la guerre en Ukraine mais refusé de qualifier la Russie d’« Etat parrain du terrorisme » après la frappe russe sur un centre commercial, comme le demandait Volodymyr Zelensky. Emmanuel Macron, a appelé, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) à dégager un « message d’unité et de force », lors de son sommet, mercredi et jeudi, à Madrid.
Mme Biden interdite de Russie

Moscou a annoncé ce mardi interdire de territoire 25 Américains supplémentaires, dont Jill et Ashley Biden, l’épouse et la fille du président américain Joe Biden, affirmant qu’il s’agissait de répliques aux sanctions adoptées par les Etats-Unis.
La liste comprend aussi le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, d’autres sénateurs comme Charles Grassley, Kirsten Gillibrand et Susan Collins et des professeurs d’université comme Francis Fukuyama. Les Etats-Unis ont sanctionné des membres de la famille de Vladimir Poutine, notamment ses deux filles, et le président russe lui-même. M. Biden est, lui, banni de Russie.
Echange de prisonniers
Dix-sept personnes, presque toutes des militaires ukrainiens, ont été libérées par les Russes dans le cadre d’un nouvel échange de prisonniers avec Moscou, ont annoncé, mardi, les services de renseignement ukrainiens. Selon la direction principale du renseignement du ministère ukrainien de la défense, il s’agit de deux officiers, de quatorze soldats et d’un civil. Cinq d’entre eux sont blessés et nécessitent des soins d’urgence. L’Ukraine a libéré quinze prisonniers russes dans le cadre de cet échange, a ajouté le service de renseignement sur Telegram.
Oleg Deripaska : « une erreur colossale »

A l’occasion d’une conférence de presse à Moscou, l’oligarque russe Oleg Deripaska a eu des propos d’une rare virulence en tant que représentant de l’élite russe : Est-ce dans l’intérêt de la Russie de détruire l’Ukraine ? Bien sûr que non, ce serait une erreur colossale. Le magnat de l’aluminium Oleg Deripaska avait publié à la fin de février un bref – et vague – message sur les réseaux sociaux pour appeler à des « négociations ». Le gouvernement britannique avait annoncé à la mi-mars des sanctions contre sept oligarques russes, dont le propriétaire du club de Chelsea, Roman Abramovitch, et son ancien partenaire commercial Oleg Deripaska, qui devaient subir le gel de leurs avoirs et l’interdiction de voyager.