L’armée ukrainienne s’est félicitée jeudi d’avoir contraint les Russes, « incapables de résister au feu de notre artillerie », à se retirer de l’Ile aux serpents, territoire « stratégique » en mer Noire, occupé depuis les premiers jours de l’invasion russe en Ukraine. « Je remercie les défenseurs de la région d’Odessa qui ont fait le maximum pour libérer un territoire stratégiquement important », s’est félicité sur Telegram le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeriï Zaloujniï.
« Incapables de résister au feu de notre artillerie, de nos missiles et de nos frappes aériennes, les occupants ont quitté l’île aux Serpents », s’est-il réjoui, accompagnant son message d’une vidéo montrant des frappes sur l’île. L’armée russe avait annoncé son retrait de l’îlot plus tôt ce jeudi, affirmant l’avoir fait « en signe de bonne volonté », les « objectifs fixés » sur place ayant été « accomplis » selon elle. Ce geste doit faciliter les exportations de céréales d’Ukraine par la mer Noire, avait également justifié le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
Le commandement sud de l’armée ukrainienne avait, de son côté, indiqué que « l’ennemi (russe) s’est enfui dans deux vedettes », laissant l’île « en feu » où « des explosions se font toujours entendre ».
La petite île aux Serpents, située dans le nord-ouest de la mer Noire face à l’embouchure du Danube, est devenue emblématique dès le premier jour de l’offensive russe lorsqu’un membre de la petite garnison ukrainienne la défendant a intimé au navire russe réclamant sa reddition d’aller « se faire foutre ». Les militaires russes en avaient finalement pris le contrôle. L’île a ensuite été visée régulièrement par des frappes de drones et de missiles ukrainiens.
A Mykolaïv, le bilan s’est alourdi après le bombardement qui a touché un immeuble résidentiel de Mykolaïv mercredi. Au moins six personnes ont été tuées dans cette frappe russe, tandis que six autres ont été blessées, a annoncé sur Twitter le service d’Etat pour les urgences ukrainien.
Vu de Londres
Le ministère de la défense britannique fait comme chaque jour un bilan de la situation en Ukraine. « Les forces ukrainiennes maintiennent leurs positions dans la ville de Lyssytchansk après leur retrait de Severodonetsk », explique le renseignement britannique. Ce dernier précise que « les combats terrestres actuels se concentrent autour de la raffinerie de pétrole de Lyssytchansk, à 10 kilomètres au sud-ouest du centre-ville ».
« Au niveau opérationnel, les forces russes continuent de faire des progrès limités, alors qu’elles tentent d’encercler les défenseurs ukrainiens dans le nord de l’oblast de Donetsk, via des avancées depuis Izioum », peut-on lire dans le point de situation. Enfin, note le renseignement britannique, « il est fort probable que la capacité des forces ukrainiennes à poursuivre des batailles retardatrices, puis à retirer les troupes en bon ordre avant qu’elles soient encerclées, continuera d’être un facteur clé dans l’issue de la campagne ».
Selon l’agence de presse russe RIA Novosti, les forces de Moscou et les séparatistes prorusses revendiquent, ce jeudi matin, la prise de la raffinerie de la ville de Lyssytchansk, dans le Donbass. Toutefois, l’état-major de l’armée ukrainienne affirme dans le même temps que les combats continuaient autour de ce site, alors que les forces russes tentent aussi de bloquer les accès à la ville.
Les pro-Russes accusent

Les séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine ont accusé, ce jeudi, les forces de Kiev de bombarder des civils avec des lance-roquettes multiples américains sophistiqués et des obusiers européens, qu’elles viennent de recevoir. « Les nouveaux obusiers et les Himars sont déjà à l’œuvre contre la population civile de notre territoire », a déclaré aux agences de presse russes M. Vedmedenko, adjoint au « ministre de l’intérieur » des séparatistes de la région de Louhansk, sans étayer ses accusations. « Il y a un afflux constant de nouvelles armes depuis l’Europe », a-t-il ajouté. Il n’était pas possible de vérifier ces affirmations de manière indépendante
6 000 prisonniers ukrainiens
La Russie a affirmé ce jeudi qu’elle détenait « plus de 6.000 » prisonniers de guerre ukrainiens, confirmant par ailleurs avoir échangé la veille 144 combattants ukrainiens contre autant de Russes et séparatistes prorusses. « Le nombre total de militaires ukrainiens capturés ou qui se sont rendus est de plus de six mille », a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. Ce nombre était invérifiable de manière indépendante dans l’immédiat.
Un premier bateau de céréales
Un premier navire chargé de 7.000 tonnes de céréales et protégé par la marine russe a quitté le port ukrainien de Berdiansk, occupé par la Russie, ont annoncé ce jeudi les nouvelles autorités désignées par Moscou.
« La sécurité du navire cargo est assurée par les bâtiments et vedettes de la base militaire maritime de la flotte de la mer Noire de Novorossiisk », a indiqué sur Telegram le chef de l’administration prorusse de la région, Evguéni Balitski.
Berdiansk, port de la mer d’Azov, a été conquis intact par l’armée russe dès le début de l’offensive russe. Il se situe dans la région de Zaporijjia, occupée en grande partie par la Russie, tout comme la région voisine de Kherson.
Un rideau de fer

Un « rideau de fer » est en train de s’abattre entre la Russie et l’Occident, sur fond d’une crise diplomatique sans précédent en raison du conflit ukrainien, a affirmé ce jeudi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. « Que (les Occidentaux) fassent attention et qu’ils ne se coincent pas (les doigts) dedans. Le processus est en cours », a-t-il ironisé. Selon M. Lavrov, l’UE « ne montre aucun intérêt à comprendre les intérêts » russes et ses décisions sont dictées « par Washington ».
Le ministre a jugé que le sommet de l’Otan cette semaine démontrait que les Etats-Unis veulent « soumettre tous les Etats à leur volonté ».
« Ce rideau de fer est érigé aujourd’hui par les Occidentaux eux-mêmes », a renchéri son homologie bélarusse.
Un besoin d’aide humanitaire
Quelque seize millions d’Ukrainiens ont besoin d’aide humanitaire et plus de six millions sont toujours déplacés à l’intérieur du pays, a déclaré à Kiev la coordinatrice humanitaire de l’ONU dans le pays en guerre.« Près de 16 millions de personnes en Ukraine ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire : en eau, nourriture, services de santé », a dit Osnat Lubrani lors d’une conférence de presse, alors que la guerre déclenchée par la Russie est entrée dans son cinquième mois.
« Ce que nous savons, c’est que le nombre que nous avons de près de 5.000 civils tués et de plus de 5.000 blessés n’est qu’une fraction de la réalité effrayante », a-t-elle reconnu.
« Je ne peux pas parler de nombres précis d’hôpitaux, d’écoles et de maisons endommagés, mais nous savons qu’ils se comptent par milliers. Nous ne pouvons tout simplement pas encore vérifier les chiffres exacts », a-t-elle encore dit.
« Nous mettons tout en œuvre pour soutenir les personnes dont la vie a été mise en pièces à cause de cette guerre. Mais la Russie, ainsi que le gouvernement ukrainien doivent faire plus pour protéger le peuple de ce pays et rendre notre travail possible », a demandé Mme Lubrani.