Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a affirmé dimanche que les forces du Kremlin contrôlaient toute la région de Lougansk, dans l’est de l’Ukraine, après avoir conquis la ville-clé de Lyssytchansk, au cœur d’intenses combats. « Sergueï Choïgou a informé le commandant en chef des forces armées russes, Vladimir Vladimirovitch Poutine, de la libération de la république populaire de Lougansk », a indiqué un communiqué du ministère de la Défense. Les forces russes et leurs alliés séparatistes ont pris « le contrôle complet de Lyssytchansk et d’autres villes proches dont les plus notables sont Belogorovka, Novodroujesk, Maloriazantsevo et Belaïa Gora », ajoute ce communiqué.
L’AFP n’a pas pu vérifier ces informations de source indépendante.
Le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a lui affirmé dimanche sur Telegram que « les Russes renforcent leurs positions dans la région de Lyssytchansk ».
Interrogé par la BBC, le porte-parole du ministère de la défense ukrainien, Yuriy Sak, a assuré que la ville n’était pas sous le « contrôle total » des forces russes. Si la Russie prend effectivement le contrôle de la totalité de la région de Louhansk, dont Lyssytchansk et la dernière grande ville disputée, « la partie ne sera pas terminée » pour le Donbass, a-t-il ajouté. Selon lui, il existe « d’autres grandes villes [sur ce territoire], en particulier dans la région de Donetsk » qui n’ont toujours pas été conquises par les Russes, notamment Sloviansk et Kramatorsk. « Ces villes [ont été], ces deux derniers jours, la cible de graves attaques de missiles, de tirs d’artillerie », a-t-il précisé.
« Nombreux morts » à Sloviansk
Des tirs au lance-roquettes multiple sur Sloviansk ont fait ce dimanche « de nombreux morts et blessés », a annoncé le maire de cette ville de l’est de l’Ukraine sous pression de l’armée russe. « Des tirs au lance-roquettes multiple sur Sloviansk, les plus importants depuis longtemps. Il y a quinze incendies. De nombreux morts et blessés », a déclaré dans une vidéo publiée sur Facebook le maire de la ville, Vadim Liakh.
Tetiana Ignatchenko, une porte-parole de la région de Donetsk à laquelle appartient Sloviansk, a précisé au média ukrainien Suspilne que ces frappes ont fait « six morts et quinze blessés » et réitéré l’appel des autorités aux habitants pour qu’ils quittent la région, alors que la ligne de front n’est plus qu’à quelques kilomètres de Sloviansk. Selon des médias ukrainiens, un des marchés de la ville était notamment en feu suite à ces frappes.
Plus au sud, la ville de Kramatorsk, centre administratif du Donbass sous contrôle ukrainien, a été touché pour le deuxième jour consécutif par des roquettes Smertch, selon le maire de la ville Oleksandr Gontcharenko.
D’autre part, Melitopol, ville occupée par les Russes dans l’oblast de Zaporijia, a été bombardée dimanche matin. Le maire de la ville, l’Ukrainien Ivan Fedorov – qui a fui Melitopol pour Zaporijia après avoir été enlevé par les Russes en mars puis libéré – a fait état de trente attaques menées par les forces ukrainiennes et a annoncé qu’une base militaire russe avait été « mise hors service ».
Missiles sur Belgorod
Dans une vidéo publiée ce dimanche en milieu de journée, le gouverneur de l’oblast de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a revu à la hausse le bilan des explosions qui ont touché la ville de Belgorod, en Russie. Selon lui, ils ont causé la mort d’au moins quatre personnes et en ont blessé quatre autres. Plusieurs dizaines de bâtiments résidentiels ont également été endommagés.
L’armée russe a annoncé peu avant avoir abattu, à l’aube, trois missiles ukrainiens lancés contre cette ville, proche de la frontière ukrainienne. Le porte-parole du ministère russe de la défense, Igor Konachenkov, a affirmé qu’il s’agissait de missiles à sous-munitions. Selon lui, l’armée russe a aussi abattu deux drones ukrainiens TU-143 « chargés d’explosifs » et se dirigeant vers la ville de Koursk, également proche de la frontière ukrainienne.
Depuis le début de l’offensive, la Russie a plusieurs fois accusé les forces ukrainiennes d’avoir effectué des frappes sur le sol russe, en particulier dans la région de Belgorod.
Loukachenko accuse Kiev
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a affirmé samedi que son armée avait abattu des missiles tirés depuis l’Ukraine sur le Bélarus, en pleine spéculation sur une implication grandissante de Minsk dans le conflit entre Kiev et Moscou. « On nous provoque. Je dois vous dire qu’il y a environ trois jours, peut-être plus, on a essayé depuis l’Ukraine de frapper des cibles militaires au Bélarus. Dieu soit loué, nos systèmes anti-aériens Pantsir ont intercepté tous les missiles tirés par les forces ukrainiennes », a-t-il affirmé, cité par l’agence de presse d’Etat Belta. « Je vous le répète, comme je l’ai dit il y a plus d’un an, nous n’avons pas l’intention de combattre en Ukraine », a-t-il toutefois assuré.
Le régime de M. Loukachenko, sous lourdes sanctions occidentales, est très dépendant militairement et économiquement de la Russie.
La semaine dernière, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que Moscou allait livrer « dans les prochains mois » au Bélarus des missiles Iskander-M capables de transporter des charges nucléaires.
48 000 engins explosifs désamorcés dans la région de Kiev
L’Ukraine continue de déminer son territoire. Les autorités militaires de la région de Kiev ont annoncé samedi que plus de 17 700 hectares avaient été inspectés et que 48 000 engins explosifs avaient été désamorcés jusqu’à présent.
Il y a quelques jours, un porte-parole du service d’Etat pour les situations d’urgence estimait qu’il faudrait une décennie pour enlever toutes les mines et les explosifs après la guerre. La priorité absolue est de déminer les infrastructures, les zones résidentielles et les routes, mais il faudra plus de temps pour nettoyer les bois, les rivières et le littoral, a-t-il ajouté.
Demande de saisie d’un bateau
L’ambassade d’Ukraine à Ankara a demandé, vendredi 1er juillet, à la Turquie d’arrêter un navire russe arrivé à proximité de sa côte sur la mer Noire en provenance du port ukrainien de Berdiansk, sous occupation russe, a fait savoir Le Monde.
L’Ukraine soupçonne le bateau de transporter des milliers de tonnes de céréales volées par les Russes.
Le “Zhibek Zholy”, un cargo de 140 m de long battant pavillon russe, a jeté l’ancre à un kilomètre environ du port de Karasu sur la côte turque à l’est d’Istanbul, selon le site Marine Traffic qui permet de suivre les mouvements des bateaux.
“Le “Zhibek Zholy” en provenance de Berdiansk occupé est entré dans le port de Karasu. A la demande du procureur d’Ukraine, nous avons demandé à la partie turque de prendre les mesures nécessaires”, a déclaré l’ambassadeur Vasyl Bodnar sur Twitter.