
L’armée russe a déployé des lanceurs de missiles sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), sous contrôle des Russes depuis début mars, grâce auxquels elle pilonne notamment la région de Nikopol, a affirmé vendredi le patron d’Energoatom, l’opérateur ukrainien. « Les occupants russes ont installé des systèmes de tirs de missiles sur le territoire de la centrale nucléaire de production électrique de Zaporijjia et frappent le district de Nikipol depuis cet endroit », a indiqué Petro Kotin, président d’Energoatom, sur Telegram après un entretien télévisé sur la chaîne ukrainienne United News.
« La situation (à la centrale) est extrêmement tendue et la tension s’accroît de jour en jour. Les occupants y amènent leur machinerie, y compris des systèmes de missiles avec lesquels ils ont déjà frappé de l’autre côté de la rivière Dnipro et sur le territoire de Nikopol », à 80 km au sud-ouest de Zaporijjia, a-t-il indiqué.
Selon lui, jusqu’à 500 soldats russes se trouvent toujours sur le site de la centrale. Ils « contrôlent le site », a-t-il assuré. « Des équipements lourds (chars, véhicules blindés), des occupants et des camions chargés d’armements et d’explosifs restent stationnés sur le site de la centrale », a assuré M. Kotin, estimant « insuffisante » la pression pour les faire partir et critiquant en particulier l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
L’AIEA « mène des jeux politiques, oscillant entre la Russie et l’Ukraine », a-t-il souligné. « L’AIEA a plein d’employés de Russie », a-t-il ajouté, citant le chiffre d’une centaine « et même le premier adjoint du directeur général de l’AIEA Rafael Grossi est de Russie ». « Peut-être que cela détermine leur position +réservée », a-t-il lancé.
Frappes contre Dnipro et Kharkiv
Les sirènes d’alerte ont retenti, samedi, à Kiev, alors que la Russie a intensifié ses bombardements contre des villes d’Ukraine, causant la mort d’au moins trente-quatre personnes au cours des trois derniers jours.
Des missiles russes ont frappé, tard vendredi, la ville de Dnipro, dans le centre de l’Ukraine, tuant trois personnes et en blessant quinze, a annoncé sur les réseaux sociaux le gouverneur de l’oblast de Dnipropetrovsk, Valentyn Reznitchenko.
Huit personnes ont par ailleurs été tuées et treize autres blessées dans des bombardements sur la région de Donetsk, dans l’est du pays, a déclaré le gouverneur, Pavlo Kyrylenko, lors d’un entretien télévisé.
Près de Kharkiv, une frappe russe a touché dans la nuit la ville de Tchouhouïv, tuant trois personnes, dont une femme de 70 ans, et en blessant trois autres, a déclaré samedi le gouverneur régional, cité par l’agence Reuters.
La frappe a endommagé un immeuble résidentiel, une école et un magasin, et les sauveteurs fouillent actuellement les décombres, a déclaré le gouverneur de l’oblast de Kharkiv, Oleh Synehoubov, sur Telegram.
Pas d’accord au G20 de Bali
Une réunion des ministres des finances et gouverneurs de banques centrales du G20 en Indonésie s’est achevée ce samedi, sans communiqué conjoint faute de consensus entre les pays membres en raison de désaccords portant sur l’offensive russe en Ukraine.
Pendant les deux jours de réunion, sur l’île de Bali, les grands argentiers ont cherché des réponses aux crises alimentaire et énergétique mondiales et à l’accélération de l’inflation. Mais une nouvelle confrontation entre les Occidentaux, qui dénoncent l’impact de la guerre en Ukraine sur l’économie, et la Russie, qui accuse les sanctions occidentales d’être à l’origine de la détérioration de la conjoncture, a rendu un accord impossible.
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avait accusé, vendredi, la guerre menée par la Russie d’avoir « envoyé une onde de choc [affectant] l’économie mondiale », et plusieurs ministres occidentaux ont accusé les responsables économiques russes de complicité dans les atrocités commises en Ukraine.
A la place d’un communiqué conjoint, l’Indonésie, qui organise le G20 cette année, a proposé une déclaration au nom de la présidence, a dit la ministre des finances indonésienne, Sri Mulyani Indrawati. « Nous allons publier un résumé de la présidence qui décrira ce que nous avons pu obtenir (…) de ce G20 », a-t-elle expliqué au cours d’une conférence de presse de clôture.
Russes en Iran
Des responsables russes se sont rendus en Iran au moins deux fois cet été afin d’inspecter des drones de combat que devrait livrer Téhéran à la Russie, engluée dans son offensive en Ukraine, a affirmé ce samedi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
L’armée iranienne a présenté ses drones à une délégation russe le 8 juin et le 5 juillet sur la base aérienne de Kachan, à 200 kilomètres au sud de Téhéran, selon des images satellites dévoilées par le gouvernement américain, la Russie cherchant à muscler son arsenal face à la résistance de l’armée ukrainienne dans l’est du pays.
Combien de morts ?
Il ’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L’ONU a recensé près de cinq mille morts confirmés, dont plus de trois cents enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur. Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais entre quinze mille et vingt mille soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev. Aucune statistique indépendante n’est disponible.