Le gouverneur de la région de Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine, constamment bombardée – au moins 22 blessés ce vendredi- , a annoncé un couvre-feu dans la capitale régionale jusqu’à lundi matin afin de neutraliser les « collaborateurs » des Russes.
Vitali Kim avait déjà promis en juillet une prime de cent dollars pour des informations permettant d’identifier les gens qui « révèlent aux occupants les lieux de déploiement des troupes ukrainiennes » ou qui les aident à établir les coordonnées des cibles potentielles de bombardements. « Les gens honnêtes n’ont rien à craindre. Ayez vos papiers sur vous au cas où. Vous pouvez promener votre chien non loin de votre maison, les enfants peuvent jouer dans la cour de leur immeuble, mais tentez de rester chez vous », a-t-il prévenu.
Mykolaïv a connu de violents bombardements la semaine dernière, probablement « les plus forts » depuis le début de l’invasion russe, selon le maire de la ville, Oleksandr Senkevich.
Ecarté par Kiev après avoir assuré la défense de la ville du sud, au début de la guerre, le responsable militaire, Dmytro Marchenko, soutenu par Petro Porochenko, est de nouveau sur le terrain pour coordonner la contre-offensive. Son retour a été célébré par une partie de la population et des personnalités locales. « Marcello », de son nom de guerre, a les cheveux ras et des yeux bleu vif qui fixent ses interlocuteurs.
Les soldats qu’il croise dans l’avenue principale d’un quartier du centre réservé aux militaires, bloqué à toutes ses entrées par des checkpoints, le saluent avec respect.
Amnesty maintient
La colère de Kiev n’y change rien. « Nous maintenons pleinement nos conclusions », a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty international, Agnès Callamard, à l’Agence France-Presse. L’ONG a publié jeudi un rapport reprochant à l’armée ukrainienne des tactiques qui mettent en danger des civils, dans sa résistance à l’invasion russe, en installant des infrastructures militaires dans des zones habitées.

Elle a souligné que ces conclusions étaient « fondées sur des preuves obtenues lors d’investigations de grande ampleur soumises aux mêmes normes rigoureuses et processus de vérification que tout le travail d’Amnesty International ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a violemment critiqué ce rapport, accusant Amnesty International de « tenter d’amnistier l’Etat terroriste » russe. Selon lui, ce rapport met « la victime et l’agresseur d’une certaine manière sur un pied d’égalité ».
Agnès Callamard a déploré cette réaction des autorités ukrainiennes « qui risque de paralyser une discussion légitime et importante de ces questions » de protection des civils, précisant que le gouvernement n’avait pas répondu à une demande de réaction ou de commentaire avant la publication du rapport.
Le Razoni dimanche au Liban
Le Razoni, navire transportant le premier chargement de céréales exporté par l’Ukraine depuis l’invasion russe, arrivera dimanche dans le port libanais de Tripoli. Le cargo battant pavillon sierra-léonais a quitté lundi le port ukrainien d’Odessa, sur la mer Noire, avec 26 000 tonnes de maïs. Mercredi, des experts turcs et russes ont inspecté le navire au large d’Istanbul.
Selon Kiev, seize autres bateaux chargés de céréales sont en attente de quitter l’Ukraine. Ce vendredi, trois nouveaux chargements de maïs ont quitté le pays en convoi, a annoncé le ministère de la défense turc. Les trois bâtiments desserviront l’Irlande, l’Angleterre et la Turquie, selon la même source. Simultanément, un cargo fait route vers le port de Tchornomorsk, en Ukraine, pour y charger des céréales, a précisé le ministère. Tous progressent sous l’œil du Centre de coordination conjointe (CCC) établi à Istanbul aux termes de l’accord international signé dans la même ville le 22 juillet.
La France « inamicale »

Les présidents Vladimir Poutine et Emmanuel Macron n’ont pas eu d’entretien téléphonique depuis deux mois, car la France est un pays avec lequel des discussions ne sont actuellement pas « nécessaires », a considéré le Kremlin. « Eh bien, tout d’abord, la France est un Etat inamical au regard des actions qu’elle prend concernant notre pays », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, en réponse à une question sur l’absence d’échange téléphonique récent entre les deux dirigeants, qui s’étaient parlé à plusieurs reprises au début de l’année. « Ils ne s’appellent pas parce qu’ils estiment que le moment n’est pas venu, et qu’actuellement ce n’est simplement pas nécessaire. Si la nécessité se fait sentir, ils peuvent s’appeler dans la minute », a affirmé M. Peskov.
Le dernier échange officiel entre MM. Poutine et Macron remonte au 28 mai, quand les deux dirigeants avaient notamment évoqué au téléphone, avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, le sort de soldats ukrainiens faits prisonniers par l’armée russe.