Treize civils ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi par des bombardements russes dans la région de Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine, a annoncé le gouverneur de la région, Valentyn Reznitchenko, qui a précisé que « l’attaque russe nocturne » avait notamment touché la ville de Nikopol, située sur la rive occidentale du fleuve Dnipro, face à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia. Deux blessés ont succombé à leurs blessures, s’ajoutant au bilan de onze morts annoncé par le gouverneur quelques minutes plus tôt sur Telegram.
La ville de Marhanets, à l’est de Nikopol, et le village de Vychtchetarassivka, ont également été visés dans cette attaque avec des lance-roquettes multiples Grad. « Quatre-vingts roquettes ont été lancées délibérément et insidieusement sur des quartiers résidentiels alors que les gens dormaient chez eux », a dénoncé le gouverneur.
Selon le dernier bilan, l’attaque nocturne a aussi fait onze blessés dont cinq sont dans un état grave, dans cette région relativement sûre où sont évacués des civils du Donbass, plus à l’est, principale cible de l’offensive russe. « Nous avons passé une nuit horrible (…). C’est très dur de sortir les corps de sous les décombres », souligne M. Reznitchenko dans son message : « Je vous en supplie : allez dans des endroits sûrs pendant les alertes aériennes (…). Ne laissez pas les Russes vous tuer. »
Dans son dernier bulletin d’information, le ministère de la défense britannique estime que les commandants de l’armée russe « vont très probablement continuer à être confrontés à des priorités opérationnelles concurrentes, à savoir le renforcement de l’offensive dans le Donbass et la consolidation des défenses contre les contre-attaques ukrainiennes prévues dans le Sud ».
« Pour soutenir l’opération ukrainienne, la Russie a presque certainement établi une nouvelle formation majeure de forces terrestres, le 3e corps d’armée (CA), basé à Mulino, dans l’oblast de Nijni Novgorod à l’est de Moscou », qui sera alimenté par de nouveaux bataillons de « volontaires » en train d’être levés à travers le pays.
De Zaporijia à la Crimée
Les forces russes qui occupent la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia préparent son raccordement à la Crimée, presqu’île annexée par Moscou en 2014, et l’endommagent en procédant à cette réorientation de la production électrique, a alerté mardi 9 août la Compagnie nationale de production d’énergie nucléaire d’Ukraine, Energoatom.
« Les militaires russes présents dans la centrale nucléaire de Zaporijia mettent en œuvre le programme de (l’opérateur russe) Rosatom visant à raccorder la centrale aux réseaux électriques de Crimée », a déclaré le président d’Energoatom, Petro Kotine, à la télévision ukrainienne.
Pour ce faire, il faut d’abord endommager les lignes électriques de la centrale reliées au système énergétique ukrainien. Du 7 au 9 août, les Russes ont déjà endommagé trois lignes électriques. En ce moment, la centrale fonctionne avec une seule ligne de production, ce qui est un mode de travail extrêmement dangereux.
Lorsque la dernière ligne de production sera débranchée, la centrale sera alimentée par des groupes électrogènes fonctionnant au diesel. Tout dépendra alors de leur fiabilité et des stocks de carburant.
Crimée : attaque ukrainienne ?
Un responsable militaire ukrainien, s’exprimant de manière anonyme, a affirmé que les forces ukrainiennes étaient à l’origine de l’attaque qui a causé plusieurs explosions, mardi, sur une base aérienne russe dans l’ouest de la Crimée, territoire ukrainien annexé par Moscou depuis 2014. Kiev a refusé de confirmer l’implication de son armée et l’information de ce responsable militaire n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante. Elle a toutefois été relayée par le Washington Post et le New York Times.
Les autorités locales en Crimée avaient fait état, mardi, de plusieurs explosions sur le site d’un aérodrome militaire. L’armée russe avait ensuite affirmé qu’aucun tir ni bombardement n’avait été à l’origine de ces déflagrations, expliquant que « plusieurs munitions destinées à l’aviation [avaient] explosé dans un dépôt situé sur le territoire de l’aérodrome militaire de Saki, près de la localité de Novofiodorovka ». Une personne a été tuée.
L’armée de l’air ukrainienne a, de son côté, affirmé dans un communiqué que neuf avions militaires russes avaient été détruits dans les explosions sur la base aérienne, que les autorités pensent être utilisée par les forces russes comme base de lancement de missiles. Le communiqué ne revendique toutefois pas clairement une attaque. De la même manière, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, n’a rien dit de l’évènement mardi mais il a centré son adresse vidéo quotidienne sur la Crimée, promettant de récupérer le territoire.
Le responsable ukrainien qui s’est exprimé anonymement n’a pas divulgué le type d’armes qui a provoqué les explosions, affirmant seulement qu’il s’agissait d’un « engin de manufacture exclusivement ukrainienne ». Selon le New York Times, l’Ukraine possède peu d’armes capables d’atteindre la péninsule de Crimée, l’usage d’avions étant peu envisageable compte tenu des nombreuses forces de défense russes dans la région. La base aérienne visée se trouve à environ 160 kilomètres de la position ukrainienne la plus proche.
Marina Ovsiannikova arrêtée
La journaliste russe Marina Ovsiannikova a été arrêtée à son domicile, mercredi 10 août à Moscou. Elle avait donné une interview à France info le matin-même, dans laquelle elle réaffirmait son opposition à la guerre menée par le Kremlin en Ukraine. Lundi 8 août, la journaliste a été reconnue coupable d’avoir « discrédité » l’armée russe.
Au début de l’invasion en Ukraine, elle était apparue à la télévision d’État, en plein journal, avec une affiche contre l’offensive en Ukraine.
A France info, elle disait notamment : « Je subis une pression énorme de toutes parts. La pression psychologique, d’abord. Il est facile d’influencer une mère en ciblant ses enfants. Avant mon action en direct à la télé, mon ex-mari et moi, nous entretenions de bonnes relations. Mais après ma protestation, des puissances supérieures sont intervenues, et ont fait pression sur lui, et il m’a immédiatement poursuivie en justice. Il a exigé que nos enfants vivent avec lui ».
La fin du charbon russe
L’embargo européen sur le charbon russe entre en vigueur ce mercredi à minuit, quatre mois après son adoption dans le cadre d’une cinquième salve de sanctions contre Moscou, au moment où l’UE fait face à de vives tensions sur ses approvisionnements énergétiques.
Cet embargo décrété en avril par les Vingt-Sept devient effectif à l’issue d’une période de transition de 120 jours. Seuls les contrats commerciaux conclus avant le 9 avril pouvaient être honorés durant cette période. Il s’agissait de la première sanction de l’UE frappant le secteur énergétique russe. Les Européens ont ensuite décidé fin mai un embargo progressif d’ici fin 2022 sur l’essentiel du pétrole russe.
L’UE importait jusqu’à l’an dernier 45% de son charbon de Russie pour une valeur de 4 milliards d’euros par an, et certains pays (Allemagne, Pologne…) qui l’utilisaient pour leur production d’électricité en étaient particulièrement dépendants.
Les livraisons de pétrole russe ont repris mercredi en Slovaquie, après une coupure liée à des sanctions visant Moscou et portant sur les droits de transit par l’Ukraine, a annoncé la raffinerie slovaque Slovnaft.