Le parquet norvégien a blanchi, ce vendredi 21 octobre 2022, un homme qui a purgé près de 21 ans de prison pour le viol et le meurtre de deux petites filles dans une affaire retentissante, qui vire à l’une des pires erreurs judiciaires de l’histoire du pays.
Viggo Kristiansen, qui a toujours clamé son innocence, avait été condamné par deux instances, en 2001 et 2002, à la peine la plus longue à l’époque, 21 ans de prison avec possibilité d’extension, pour le viol et le meurtre de Stine Sofie Sorstrønen, 8 ans, et Lena Sløgedal Paulsen, dix ans.
Les deux fillettes avaient été retrouvées mortes en mai 2000 après être allées se baigner dans un lac d’une zone boisée (« Baneheia ») dans le sud du pays. L’affaire avait profondément choqué la Norvège.
La réouverture du dossier l’an dernier a jeté le discrédit sur le témoignage du co-accusé, Jan Helge Andersen, qui avait mis son ami Viggo Kristiansen en cause, affaibli les preuves ADN et relevé que le téléphone de Viggo Kristiansen bornait à bonne distance de la scène du crime au moment présumé des faits.
« L’affaire a eu des conséquences profondément tragiques, en particulier pour M. Kristiansen, qui a purgé plus de 20 ans de prison et s’est donc vu privé de larges parties de sa vie, et pour ses proches », a déclaré le procureur général, Jørn Sigurd Maurud, vendredi lors d’une conférence de presse. « Je veux donc au nom de l’accusation présenter mes excuses les plus sincères pour l’injustice qui a été commise », a-t-il dit.
Les médias norvégiens voient dans cette affaire l’« une des plus graves erreurs judiciaires » de l’histoire moderne de la Norvège, sinon la plus grave.
Sorti de prison l’an dernier, Viggo Kristiansen, aujourd’hui âgé de 43 ans, pourrait réclamer plus de 30 millions de couronnes (plus de 3 millions d’euros) de réparations financières à l’État, selon son avocat.
Son co-accusé, Jan Helge Andersen, qui avait écopé d’une peine plus clémente de 19 ans de prison en raison de sa collaboration avec les enquêteurs, va faire l’objet d’investigations supplémentaires, a précisé le procureur général.
L’acquittement de Viggo Kristiansen doit encore être formellement prononcé par un tribunal, mais ne fait désormais plus aucun doute.