« Un général n’abandonne jamais son armée » scandaient à Sousse les supporters à la fin de la saison 2018-2019 quand Roger Lemerre est retourné à Bruxelles où il vit avec sa famille depuis que la France l’a lâché après le fiasco du mondial de 2002 qui succédait à la victoire de l’Euro de 2000. « La Tunisie, elle, ne m’a pas lâché » dit-il au journaliste de l’Equipe qui vient le rencontrer. Il n’apprécie pas forcément cette visite : « Laissez-moi à mon bonheur d’être en Tunisie. Il y a remporté des titres avec l’ESS et a gagné la CAN en 2004. Ce pays pourrait être sa dernière demeure » confie un proche à l’envoyé du quotidien sportif.
Il vivait tranquille à Bruxelles l’entraîneur octogénaire quand, en octobre dernier, le président Maher Karoui a fait le voyage « pour le convaincre de rempiler » Ce n’est pas pour l’argent que Roger Lemerre a accepté, l’ESS affiche un lourd déficit et ses joueurs ne sont pas payés régulièrement. Mais ils suivent tous avec enthousiasme le « général » « C’est notre père à tous et il a le respect de tout le monde, assène à l’Équipe, Yassine Amri, milieu offensif de 26 ans. « Le coach est parfois dur mais merveilleux. On sent qu’il nous aime, qu’il apprécie d’être avec nous et veut notre bien. Il travaille avec nous, se glisse dans les petits jeux. Quand il parle, tout l’effectif l’écoute. Il sait tirer le maximum de chaque joueur avec des mots simples mais qui touchent. On a envie de se défoncer pour lui. C’est un honneur de l’avoir comme coach ». Rafik Hamdi, l’entraîneur adjoint, confirme et en rajoute : « C’est un dieu ici ! Même nos adversaires l’admirent ». Cet après-midi au stade de Radès, les soldats du général Lemerre feront face au Chabab Belouizdad d’Alger en C1 de la CAF. Son but est toujours le même : se qualifier, gagner.