Alors que le siège de la région du Tigré continue, provoquant une famine sans précédent, et qu’aucun accord n’est en vue pour mettre fin à la guerre, la tension monte dans la corne de l’Afrique. Des mouvements militaires récents sur le terrain pourraient être les signes d’une préparation à une possible reprise des combats. Traditionnellement, la période la plus propice à des opérations militaires dans le Tigré se trouve après Pâques, en avril, et avant le début des pluies, en juillet. C’est l’avis d’un vétéran de la guerre entre l’Érythrée et l’Éthiopie, qui ajoute qu’en 2020, c’est à ce moment-là que la rébellion tigréenne avait d’ailleurs lancé sa contre-offensive sur sa capitale Mekele et repris le contrôle de la province en quelques semaines. L’échéance se rapproche donc, alors que le blocage politique et humanitaire est patent. « S’il veut briser l’état de siège, le leadership tigréen ne peut pas attendre trop longtemps », estime le professeur Kjetil Tronvoll, chercheur en études sur la paix et les conflits à l’Oslo New University College. « Il ne peut pas prendre le risque que ses soldats, à leur tour, commencent à mourir de faim. »
Or la seule ligne d’approvisionnement de la rébellion tigréenne en équipement léger et, éventuellement, en recrues passe par le Soudan, où se trouvent les camps des réfugiés ayant fui les combats et où des jeunes hommes sont prêts à en découdre avec l’armée fédérale et les milices amharas qui les ont chassés de chez eux. Les deux camps semblent se préparer à une reprise des combats.