
Par Abdelhamid Zoghlami
Petits, nos maîtres nous apprenaient que la Tunisie était le verger de la méditerranée, et que nos ancêtres les carthaginois, outre leurs qualités de grands navigateurs et d’habiles commerçants, étaient également d’excellents agriculteurs dont les produits étaient connus et appréciés dans toutes les cités du pourtour méditerranéen.
D’ailleurs, nous disait-on encore, cette réussite des Carthaginois dans le domaine agricole ne leur attira pas que des compliments, mais, aussi, hélas, la jalousie, puis la guerre et enfin la destruction. »Cartago dalenda est » (il faut détruire Carthage!) appelait sans arrêt le sénateur Caton l’ancien, qui, pour convaincre les militaires romains, s’appliquait à leur montrer une figue toute fraîche en prétendant qu’il l’avait achetée deux jours auparavant sur un marché à Carthage.
Vingt siècles après, les choses ont quelque peu changé. Certes, les figues sont toujours succulentes, mais pas faciles à trouver sur les marchés. Quand elles s’y trouvent elles sont hors de prix.
À 12 dinars le kilo, alors que l’on est à mi-août, cela relève de la pure fiction, et le vieux Caton aurait eu toute la peine du monde à trouver de quoi haranguer les foules pour leur faire accepter de déclarer la guerre à la pauvre Carthage.
En fait il n’y a pas que le prix des figues qui fait scandale. Les raisins, à 10 dinars le kilo, sont honteusement inabordables, les poires à 10 dinars et le kilo de pastèque coûte 1,d700.
On est pourtant bien en Tunisie, les fruits sont produits en Tunisie, et le Salaire minimum garanti en Tunisie est de 450 dinars.
On vous épargne d’évoquer les prix des légumes, mais sachez que si vous aviez l’attention d’abandonner la viande pour devenir végétarien, laissez tomber, ça vous coûtera plus cher.
Heureusement pour nous, il y a toujours la figue…de barbarie. Mais ça, Caton ne le savait peut-être pas. Heureusement.