300 médecins étrangers ont commencé une grève de la faim ces 8 et 9 mars en France. Le mouvement de protestation se durcit alors que les médecins non originaires de l’UE dénoncent leurs conditions de travail. Ils sont actuellement 7 000 soignants en situation irrégulière.
Dans un premier temps, 300 médecins étrangers pratiquant en France ont prévu d’entamer une grève de la faim pour demander une régularisation de leur situation. Les médecins Padhue, ces praticiens diplômés hors Union européenne, sont prêts à tout pour voir leur situation régularisée en France. Depuis janvier 2025, la colère est montée d’un cran lorsqu’ils ont constaté la suppression de 700 postes sur les 4 000 annoncés à l’issue des résultats des épreuves de vérification des connaissances (EVC), concours permettant d’accéder, au terme de deux années complémentaires, à l’Ordre des médecins.
Cette sélection arbitraire est dénoncée comme un moyen de maintenir une main-d’œuvre corvéable à moindre coût, malgré la pénurie médicale.
Le gouvernement, qui promettait leur régularisation après la crise Covid-19, a en réalité durci les conditions d’immigration et de travail des étrangers. Les grévistes dénoncent une stratégie visant à exploiter les travailleurs immigrés tout en précarisant l’hôpital public.
En France, un médecin exerçant dans un hôpital public perçoit un salaire mensuel compris entre 3000 et 6500 euros selon son ancienneté et sa spécialité. Pourtant, un médecin étranger recruté dans les mêmes conditions peut être rémunéré autour de 1400 euros, soit deux à quatre fois moins que son collègue français, et ce, malgré une charge de travail souvent similaire.
« On tient à bout de bras les hôpitaux depuis des années. Le président de la République avait promis de sortir les Padhue de leur précarité. Nous n’avons rien eu », s’émeut le Dr Abdelhalim Bensaidi, vice-président de l’association Intégration praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise (Ipadecc), qui travaille au service de diabétologie de l’hôpital Max Forestier de Nanterre.
Ces praticiens venus de l’étranger, essentiellement d’Algérie, de Tunisie, de Syrie, du Maroc et du Liban, sont particulièrement présents dans les hôpitaux d’Île-de-France. Selon l’Ordre national des médecins, 38 % des soignants franciliens inscrits à l’Ordre des médecins sont d’anciens Padhue. Ils sont 11 % dans les Hauts-de-Seine, 21 % en Seine-Saint-Denis, 16 % dans le Val-de-Marne et 6,7 % à Paris.