L’ancien président français Nicolas Sarkozy a réaffirmé ce lundi ne « jamais » avoir « corrompu qui que ce soit », déclarant vouloir « défendre son honneur », à l’ouverture de son procès en appel à Paris dans l’affaire dite des « écoutes ».
La présidente de la cour d’appel Sophie Clément a, comme il est d’usage, vérifié l’identité de l’ex-chef de l’Etat, debout à la barre en costume et cravate noirs sur chemise blanche, avant de lui rappeler son droit au silence et de lui demander s’il contestait sa culpabilité comme sa peine.
Le droit au silence, « je n’ai jamais utilisé ce droit, ce n’est pas ici que je vais commencer », a déclaré Nicolas Sarkozy, rejugé avec son avocat historique Thierry Herzog et l’ex-magistrat Gilbert Azibert, après avoir demandé à faire une déclaration liminaire.
« Je m’expliquerai sur chacune des écoutes », a-t-il déclaré, faisant valoir que les conversations entre un avocat et son client étaient protégées par la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme.
Ce dossier trouve son origine dans les interceptions téléphoniques de conversations entre M. Sarkozy et Me Herzog début 2014, sur une ligne non-officielle ouverte sous l’identité de « Paul Bismuth ». Elles n’avaient pas été diffusées en première instance.
« Les mots sont forts, corruption, trafic d’influence. Je suis ancien président de la République, je n’ai jamais corrompu qui que ce soit et admettons que c’est une corruption étrange, sans argent, pas un centime pour personne, sans avantage, pas un avantage pour personne et sans victime, puisque personne n’a été lésé », a-t-il déclaré.
« Madame la présidente, je suis avocat, j’ai toujours appris qu’avec des indices graves et concordants, on vous mettait en examen (inculpait, ndlr), mais pour condamner, il faut des preuves. Où sont les preuves ? » a-t-il lancé.
En première instance, à l’issue d’un procès où il avait dénoncé des « infamies », l’ancien président avait été condamné le 1er mars 2021 à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme, devenant le premier chef de l’Etat de la Ve République condamné à de la prison ferme.
La même peine a été prononcée contre ses coprévenus, assortie pour Me Herzog, 67 ans, d’une interdiction d’exercer pendant cinq ans, mise en suspens par l’appel.