La rupture du contrat liant le lycée musulman Averroès à l’Etat, actant la fin de son financement public, fait craindre à ses soutiens un « risque de stigmatisation » des musulmans, dans une période déjà tourmentée, quand ses détracteurs se félicitent d’un « signal clair » en faveur des « valeurs de la République ».
La décision, prise le 7 décembre par le préfet du Nord Georges-François Leclerc, était attendue depuis un récent avis favorable d’une commission consultative.
Elle doit en principe prendre effet à la rentrée 2024, mais les dirigeants du lycée, basé à Lille, qui n’avaient pas été officiellement avisés lundi matin, avaient au préalable affirmé qu’ils déposeraient un recours devant la justice administrative.
« Ce n’est pas une surprise », a réagi lundi auprès de l’AFP le chef d’établissement, Eric Dufour, qui entend « démonter point par point, argument par argument » les griefs de la préfecture.
Son établissement de 400 élèves, ouvert en 2003 avec le soutien de l’ex-UOIF (organisation devenue Musulmans de France et issue du mouvement égyptien des Frères musulmans), dans la foulée de l’interdiction du voile dans les lieux scolaires, était devenu en 2008 le premier lycée musulman à passer sous contrat. Il se classe depuis régulièrement parmi les meilleurs de la région.
Averroès est l’un des deux seuls lycées musulmans sous contrat en France, avec le lycée Al-Kindi près de Lyon (174 élèves).