L’ordre mondial bâti après 1945 est « au bord de la rupture », alerte la secrétaire générale d’Amnesty International, ONG qui publie ce mercredi son rapport annuel sur les droits humains, en critiquant en particulier Israël et les Etats-Unis d’un côté, la Russie et la Chine de l’autre.
Du Proche-Orient à l’Ukraine en passant par la Birmanie, le Soudan ou l’Ethiopie, où ont lieu des conflits accompagnés de violations massives des droits humains, « tout ce à quoi nous avons assisté au cours des 12 derniers mois montre que le système international est au bord de la rupture », estime Agnès Callamard auprès de l’AFP.
« Ces six derniers mois en particulier, les États-Unis ont protégé les autorités israéliennes de tout examen minutieux des multiples violations commises à Gaza », déclare-t-elle.
« En utilisant leur veto contre un cessez-le-feu indispensable, ils ont vidé de son sens le Conseil de sécurité (des Nations Unies) », accuse la secrétaire générale de l’ONG basée à Londres.
D’autant qu’en parallèle, « de puissants acteurs » tels que la Russie et la Chine « affichent leur volonté de mettre en péril l’intégralité des règles de 1948 », année charnière dans la construction du système international actuel, avertit-elle dans ce rapport.
Il documente « les violations flagrantes de la part des forces russes lors de leur invasion à grande échelle de l’Ukraine, et l’usage de la torture et d’autres mauvais traitements envers des prisonniers de guerre ».
En « protégeant l’armée birmane » en fermant les yeux sur des attaques contre la population en pleine guerre civile, la Chine a également agi à l’encontre du droit international, pointe l’ONG.
Le rapport d’Amnesty dénonce « les crimes monstrueux perpétrés par le Hamas le 7 octobre », après quoi « Israël s’est lancé dans une campagne de représailles qui s’est muée en une expédition punitive contre toute une population ».
« Pour des millions de personnes dans le monde, Gaza symbolise désormais l’échec moral absolu de nombreux architectes du système établi après la Seconde Guerre mondiale », souligne la secrétaire générale en préambule du rapport.