« Faute de règles d’engagement claires, certains militaires israéliens considèrent les journalistes filmant avec des drones comme des cibles légitimes. » Un nouveau volet de l’enquête « Gaza Project », coordonné par Forbidden Stories et publié jeudi, raconte en détail comment les journalistes filmant avec des drones dans la bande de Gaza sont ciblés par l’armée israélienne.
Selon cette enquête collaborative – qui a mobilisé une quarantaine de journalistes de 12 médias –, « au moins cinq journalistes ont été tués ou grièvement blessés par des tirs de précision » parmi les rares journalistes qui ont utilisé des drones pour documenter d’en haut les destructions occasionnées par l’armée israélienne dans l’enclave palestinienne. La dernière victime, Mahmoud Isleem Al-Basos, collaborateur pour le « Gaza Project », a été tuée par l’armée israélienne le 15 mars à Beit Lahya alors qu’il accompagnait un convoi humanitaire. Il avait tourné des images pour le « Gaza Project »quelques jours plus tôt. « L’armée israélienne affirme que ce jour-là elle visait spécifiquement des terroristes utilisant un drone mais sans jamais étayer ces affirmations », rapporte Forbidden Stories.
Les témoignages des journalistes survivants, corroborés par des échanges avec des sources militaires israéliennes, démontrent l’absence de règles claires transmises aux soldats pour distinguer les journalistes utilisant des drones des combattants. Au moyen de documents issus de plusieurs ministères israéliens, l’enquête décrit aussi la stratégie déployée par le gouvernement d’Israël pour organiser son impunité devant les juridictions internationales. Et comment certains journalistes palestiniens, ou les ONG qui les défendent, sont accusés de terrorisme