C’est dans une bataille contre les pelouses artificielles que les pouvoirs publics américains se sont lancés. De plus en plus de villes renoncent désormais à colorier leurs parcs avec du plastique, et prennent des mesures pour interdire la pose de nouvelles moquettes pseudo-végétales dans l’espace public. Le gazon, n’a de vert que sa couleur, et est composé de produits chimiques dangereux pour la santé.
Récemment, c’est la maire de Boston, Michelle Wu, qui a décidé de mettre un terme à cette pratique dans sa ville. De fait, les pelouses artificielles sont fabriquées avec ce qu’on appelle des PFAS, des substances per- et polyfluoroalkylées, qui présentent des caractères toxiques, et certaines sont encore produites avec des pneus broyés, qui peuvent contenir des métaux lourds, du benzène, des composés organiques volatils et autres substances cancérigènes.
En plus d’être une aberration esthétique, elles sont une plaie écologique, qui dégage du méthane, un puissant gaz à effet de serre, déverse des microplastiques dans les cours d’eau, et contribue à créer des îlots de chaleur –une expérience connue des footballeurs, qui font pression sur la National Football League afin qu’elle interdise les terrains de foot artificiels.
Résistances plastiques
Avec les vagues de sécheresse qui ont fait brûler toute une partie de la végétation du pays, le produit a pourtant connu un regain d’utilisation, que ce soit dans les parcs ou les terrains de jeux. «Il semble assez absurde de mettre des pneus broyés dans un champ où jouent des enfants», relève à cet égard Kyla Bennett, ancienne fonctionnaire de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis et directrice de la politique scientifique de l’ONG Public Employees for Environmental Responsibility.
De fait, les PFAS, utilisés dans l’industrie afin de rendre les produits plus résistants à l’eau, aux taches et à la chaleur, ne se décomposent pas naturellement, et peuvent provoquer des problèmes de santé allant des problèmes de foie ou de thyroïde aux malformations congénitales et aux maladies rénales, en passant par la diminution de l’immunité.
Pour autant, les mesures de prévention mises en place par certaines municipalités ne sont pas du goût de tout le monde. À Martha’s Vineyard, dans le Massachussetts, le district scolaire de la ville poursuit en justice la municipalité qui, craignant la contamination d’une source d’eau potable, avait interdit l’installation d’un terrain artificiel.
D’où vient cette mode?
C’est aux États-Unis, dans les années 1960, que sont nées les pelouses artificielles. Puis, après avoir pavé les complexes sportifs où jouaient équipes de baseball et de football américain, le produit prend un air plus naturel au crépuscule du XXe siècle et sort du cadre sportif. «Mais c’est un business qui a explosé depuis les confinements, assure la paysagiste. Chez eux plus souvent, les gens devaient apprécier leurs jardins plus que d’habitude. Ils ont voulu que cela ressemble aux hôtels où ils avaient l’habitude d’aller.»

Autre exemple, jusqu’à récemment, la saison estivale anglaise était moquée dans cette expression « Great British Summer », qui ironiser surtout sur le temps toujours gris et pluvieux sur la grande île. Cet été, la canicule n’a pas épargné le Royaume-Uni, où des températures supérieures à 40°C ont pour la première fois été enregistrées le 19 juillet. Les Britanniques passent donc de plus en plus de temps dehors et les compagnies qui font leur beurre sur la fausse pelouse annoncent, depuis 2019, des augmentations de ventes de l’ordre de 60% à 200%.
Ce sont toutes ces raisons qui font que le business de la fausse pelouse est en plein boom. En 2021, il a été estimé que 8 millions de mètres carrés de gazon artificiel ont été vendus au Royaume-Uni. Et c’est peu dire que cela arrive à un moment de l’histoire loin d’être idéal: depuis les années 1930, 97% des prairies de fleurs sauvages ont disparu des campagnes anglaises et galloises.
C’est trois millions d’hectares où se nourrir en moins pour les insectes pollinisateurs, dont la population est en déclin depuis le milieu des années 1980. Or, un tiers de l’alimentation mondiale résulte de la pollinisation et certaines régions de Chine font aujourd’hui appel à de minuscules drones pour polliniser leurs fleurs. La perte de la nature est si importante que les jardins individuels deviennent importants pour la faune. On conclura donc, que les pelouses synthétiques ne sont rien d’autre que du plastique sous lequel tout meurt, et qui empêche la pollinisation
En Tunisie, aucunes indications encore sur les ventes de gazons artificiels, mais on les retrouve chez certains particuliers, dans les hôtels, les bâtiments officiels… Pourtant s’en passer, préserverait non seulement la nature mais aussi de l’emploi. Deux choses indispensables au pays.