Tunis (Reuters) _ Par Tarek Amara , Angus McDowall Le président du parlement tunisien, Rached Ghannouchi, a déclaré qu'il soutenait les appels à un nouveau dialogue national, pour résoudre l'impasse politique du pays et les conflits constants sur la Constitution. S'adressant à Reuters dans une interview, Ghannouchi, chef du parti islamiste modéré Ennahda, a réaffirmé sa préférence pour un système politique parlementaire et a déclaré que l'impasse mettait en danger les réformes économiques urgentes. «Il y a un état de crise qui impose le dialogue ... Il faut un dialogue politique sur la Constitution. Et un dialogue économique et social sur le mode de développement », a-t-il déclaré dans l'interview mardi soir. Ghannouchi est l’un des principaux acteurs politiques tunisiens depuis la révolution de 2011, qui a mis fin au régime autocratique et inauguré la démocratie, mais n’a été élu que pour la première fois en 2019, lorsqu’il est entré au parlement et en est devenu le président. Cette élection a engendré un parlement profondément fragmenté dans lequel Ennahda, en tant que plus grand parti, n'a obtenu que le quart des sièges. Une élection présidentielle distincte, le même mois, a été remportée par Kais Saied, un indépendant. Le résultat a été 18 mois de troubles politiques, tandis que la dette publique tunisienne s’est envolée et que peu de progrès ont été réalisés dans le domaine économique, suivi par les bailleurs de Fonds étrangers, dont les contributions sont essentielles pour financer le déficit budgétaire. «La Constitution doit être amendée, pour devenir soit un système entièrement présidentiel, soit un système parlementaire. Nous soutenons un système parlementaire », a déclaré Ghannouchi. Il a également appelé à l'amendement de la Loi électorale, pour permettre aux grands partis de gagner plus de sièges et d'assurer une plus grande stabilité. Constitution Un dialogue a déjà été proposé par le puissant syndicat tunisien, qui compte un million d'adhérents, et faisait partie d'un groupement de la société civile, qui a remporté le Prix Nobel de la paix en 2015, pour avoir contribué à mettre fin à une crise politique antérieure. Cependant, l'idée du Dialogue, initialement adoptée par Saied, n'a guère progressé. Ghannouchi avait déjà appelé à un dialogue national sur les réformes économiques, mais n'a pas soutenu auparavant l'idée de pourparlers inclusifs sur le système politique. La dernière crise a été déclenchée suite à la décision du Chef du gouvernement, Hichem Mechichi de limoger quatre membres du cabinet alliés à Saied, qui a, à son tour, refusé de permettre à leurs remplaçants de prêter serment. Ghannouchi a rejeté les appels à remplacer Mechichi et à composer un nouveau gouvernement, affirmant que cela retarderait davantage les réformes économiques. «Nous soutenons un petit cabinet comme celui-ci qui peut mener les réformes nécessaires», a-t-il ajouté. Le différend renvoie à d'autres confrontations entre présidents et chefs de gouvernements depuis l'adoption de la Constitution de 2014 qui a partagé le pouvoir exécutif entre deux têtes. Les litiges devaient être résolus par une Cour constitutionnelle de 12 juges nommés par le parlement, le président et le Conseil Supérieur de la Magistrature, mais elle n'a pas encore été formée en raison de désaccords. Ghannouchi a déclaré qu'il espérait réunir les dirigeants des partis, cette semaine, pour une autre tentative de sélection des membres de la Cour: «C'est une façon de sortir de la crise». Lien vers l'interview sur le site de Reuters :
https://www.reuters.com/article/us-tunisia-politics-idUSKBN2B227A