Le Salvador vit depuis le 27 mars sous un régime d’exception, voté par l’Assemblée nationale après une vague d’homicides ayant fait 87 morts en trois jours. Alors que près de 49 000 personnes ont depuis été arrêtées dans le cadre de la « guerre contre les gangs », les organismes de défense des droits humains s’inquiètent de la multiplication des arrestations arbitraires, des mauvais traitements et des décès dans les prisons surpeuplées.
Le toujours très populaire président Nayib Bukele, au pouvoir depuis 2019, est accusé par la communauté internationale de dérives autoritaires. Le vice-président du pays, Félix Ulloa, est un avocat qui, dans sa jeunesse, a fait partie du mouvement étudiant pendant le conflit armé (1979-1992), puis a défendu des guérilleros. Son père, recteur de l’université du Salvador, a été assassiné en 1980 par un escadron de la mort. Dans un entretien accordé au Monde à San Salvador, fin juillet, Félix Ulloa assure que l’Etat de droit est respecté et que les arrestations de personnes innocentes ou les décès en prison sont des « dommages collatéraux » propres à toute guerre.