Le député Mejdi Kerbai, résidant en Italie, a annoncé sur sa page officielle qu’une fillette tunisienne de 4 ans était arrivée seule à Lampedusa ce mercredi 19 octobre.
Ainsi donc, après les hommes, les adolescents et récemment les femmes voilà qu’on en arrive aux enfants.Décidemment, l’immigration clandestine n’épargne plus personne ou plutôt personne, en Tunisie, n’est à l’abri de la tentation d’immigrer illégalement, malgré les dangers encourus dont la mort.
Déjà, en huit mois seulement, soit du début de l’année 2022 jusqu’au mois d’aout le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) dénombre plus de 2000 mineurs dont 498 adolescentes ont quitté clandestinement le pays.
Au-delà de cette hémorragie, qui touche essentiellement la jeunesse, symbole de la pérennité du pays, ce sont maintenant les valeurs fondatrices de la Tunisie qui sont remises en cause.
Il y a d’abord le sentiment d’appartenance qui apparait aujourd’hui totalement distendu, le tunisien autrefois fortement lié à son pays, par des attaches culturelles et historiques, se sent aujourd’hui étranger, délaissé, laissé-pour-compte. L’école ne jouant plus son rôle d’enracineur, la crise économique et sociale aidant, le (la) tunsien(ne) n ‘est retenu(e) par rien.
Il y a ensuite, l’effritement du sens de la solidarité publique, qui ne se manifeste pas, laissant les drames de ce phénomène se multiplier, n’évoquant la question que quand elle est posée par nos partenaires de l’autre rive. Plutôt dans la réaction que dans l’action, l’Etat suit sans agir en amont et sans proposer d’horizon possible.
Enfin, toute la structure familiale, et ce qu’elle incarne comme notion de devoir d’assistance aux plus vulnérables, de préservation des plus démunis et fragiles, qui est battue en brèche par ce cas d’une enfant livrée à elle-même.
Mais ce qui inquiète davantage face à cette situation, malheureuse et désolante, et plus encore que l’absence de perspectives, c’est le mutisme observé au plus haut niveau de l’Etat. Aucun débat, aucune réflexion, aucun questionnement ne semblent animer le gouvernement face à la lente mais implacable hécatombe en haute mer.