Les incendies dans l’est du pays les 17 et 18 août ont été maîtrisés, mais laissent à nouveau un bilan terrifiant : 38 décès et plus de 200 blessés en 48 heures. « C’est un peu comme si un Titanic heurtait un Iceberg chaque été chez nous », tonnait un ancien officier de la protection civile. « Le gros des pertes humaines intervient dans les deux ou trois premières heures après un départ de feu à forte mobilité, explique-t-il au correspondant de La Croix. Les riverains pensent pouvoir stopper son avancée vers les habitations et, souvent, se retrouvent cernés, intoxiqués par les fumées. »
Il y a une défaillance dans l’éducation au risque d’incendie, même dans la région d’El Kala (dans le nord-est du pays) – la plus touchée – où le couvert végétal est dense et les départs de feu fréquents en été. Dans des plans Orsec jamais mis en œuvre, les autorités n’ont le temps de ne rien faire et les citoyens, dont les maisons et les biens ne sont jamais assurés, fuient souvent lorsqu’il est trop tard. « En Europe du Sud, avec des populations mieux protégées par les assurances et plus averties des risques, les évacuations plus systématiques et plus rapides sont possibles. Ce qui préserve bien plus efficacement les vies humaines », estime l’officier pompier, bouleversé par « la fatalité morbide » qui s’est installée en Algérie devant le feu. « En réalité, les autorités n’ont jamais pris la mesure du risque cataclysmique global que représente le dérèglement climatique, explique un expert algérien membre du GIEC, le groupe intergouvernemental pour l’évolution du climat auprès de l’ONU. Nous le constatons dans nos commissions. Les représentants de l’Algérie sont absentéistes et n’apportent rien au débat, alors que la rive sud de la Méditerranée est une des plus exposées aux conséquences du réchauffement. »