Hamas, Hezbollah, Houthis, frappes en Irak, en Syrie et maintenant au Baloutchistan, province pakistanaise, aide militaire à la Russie… On retrouve l’Iran sur tous les fronts. Un « jeu » dangereux qui inquiète et pose question dans toutes les chancelleries occidentales : jusqu’où ira l’escalade, risque-t-on un conflit ouvert ?
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres s’avoue « vivement préoccupé ». Pas les experts géopolitiques qui expliquent qu’aucun des pays ou groupes concernés n’a intérêt à entrer dans une guerre ouverte et notent que les Etats-Unis comme la Chine poussent à l’apaisement. Le monde est suffisamment bousculé pour ne pas en rajouter.
Certes, des dérapages ne sont pas à exclure, mais Téhéran, qui ne contrôle pas totalement tous ses affidés, poursuit d’autres objectifs bien plus importants à ses yeux. Surpris par le 7 octobre alors qu’il était en plein rapprochement avec l’Arabie Saoudite, l’Iran s’est adapté mais maintient ses ambitions que l’on peut résumer ainsi : s’affirmer comme une puissance régionale forte et responsable, posséder l’arme atomique. Visant aussi le leadership de l’islamisme mondial, chiite comme sunnite, l’Iran a besoin d’une certaine stabilité, de paix tout en montrant sa force. Et d’assurer la sécurité au sein de ses frontières, sécurité mise à mal par l’attentat de Kerman le 3 janvier et par le Jaish al Adl, mouvement séparatiste baloutche. Déjà à l’épreuve avec la révolte des femmes – « Femme, vie, liberté » – et d’une grande partie de la jeunesse, le pays des mollahs entend maintenir sur tous les fronts une certaine tension et montrer à ses ennemis, principalement américain et israélien, qu’il est capable de frapper et prêt à tout. L’armée et les pasdarans posséderaient de 60 000 à 200 000 missiles de toutes catégories, selon les experts. Missiles qui pourraient, demain, être équipés d’ogives nucléaires.
Rafael Grossi, patron de l’AIEA, a reconnu jeudi à Davos qu’il n’a plus de prise sur le nucléaire iranien et que ce pays dispose désormais de quantités suffisantes d’uranium hautement enrichi pour fabriquer plusieurs ogives nucléaires. Téhéran sait parfaitement qu’en s’engageant directement, il risque une frappe conjointe israélo-américaine qui anéantirait ses ambitions– Netanyahou n’attend que cela.
Les tensions peuvent perdurer et la situation est à suivre de près, mais l’Iran évitera d’aller trop loin. Finalement, la menace la plus évidente pour le régime de plus en plus répressif et violent est intérieure : les femmes et les mécontents dont le nombre ne cesse d’augmenter.