« Un acte impardonnable » a dénoncé Gilad Erdan, l’ambassadeur israélien à l’ONU en évoquant le vote à une écrasante majorité de l’Assemblée générale qui rehausse le statut d’observateur permanent de la Palestine. Le seul hic, c’est que le représentant de Netanyahou se trompe : l’ « acte impardonnable », c’est lui qui l’a commis en affirmant que voter pour, reviendrait à promouvoir la création d’un État terroriste « dirigé par le Hitler de notre époque », que cela « signifie la destruction de la charte de l’Onu ». Et il a joint le geste à la parole en passant à la déchiqueteuse cette charte qui parle de paix, de respect, d’égalité.
Au lieu de broyer ce petit livret à la couverture bleue, il aurait dû lire quelques articles qui lui auraient prouvé que, même si le Hamas est condamnable et que l’on peut reprocher beaucoup à l’ Autorité palestinienne, Israël, qui ne cesse de vanter sa moralité, viole délibérément cette charte. Pas besoin de long discours, le texte se suffit à lui-même :
« Les buts des Nations Unies sont les suivants :
Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d’écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d’agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l’ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix;
Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde;
Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion;
Être un centre où s’harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes. »
Avancer que la Palestine n’est pas membre de l’ONU ne constitue pas une raison pour ne pas appliquer les principes auxquels on a souscrit.
Mais Israël viole tous les jours les décisions onusiennes en Cisjordanie et Gilad Erdan ne cesse de se faire remarquer par ses outrances. Il a été brièvement détenu par la police de l’ONU, il a réclamé la démission du secrétaire général António Guterres accusé d’être « la tête de serpent » des Nations unies qui « collaborent avec le Hamas », il a porté l’étoile jaune avec toute sa délégation, il critique le décevant Biden qui fait pression sur Israël… Et il conclut, comme « Bibi » : « Finalement, l’Etat d’Israël fera ce qu’il pense doit être fait pour la sécurité de ses citoyens », a-t-il affirmé.
Cela rappelle qu’en 1982, durant la guerre du Liban, le Premier ministre Menahem Begin avait répliqué à un sénateur américain qui menaçait de restreindre l’aide si la colonisation se poursuivait : « Ne nous menacez pas de stopper votre aide. Je ne suis pas un Juif aux genoux qui tremblent. Je suis un Juif fier avec 3700 ans d’histoire. Personne n’est venu nous aider lorsque nous sommes morts dans les chambres à gaz et les fours
Personne n’est venu nous aider quand nous nous sommes efforcés de créer notre pays. Nous avons payé le prix. Nous nous sommes battus pour cela. »
Une constante : Israël n’écoute qu’Israël…
Le sénateur s’appelait Joe Biden.