Ce soir à Paris, les présidents français Emmanuel Macron et égyptien Abdel Fattah-Al-Sissi ont souligné ensemble « la nécessité absolue de mettre fin aux hostilités » au Proche-Orient, « partagent leur forte inquiétude face à l’escalade de violences en cours et déplorent les nombreuses victimes civiles ». Une médiation est en cours qui inclut l’Égypte, la Jordanie ainsi que l’Allemagne, avec le soutien de la France et de la Tunisie. Peut-on espérer une prochaine décision du Conseil de sécurité, une résolution forte -mais non contraignante- de l’Assemblée générale de l’ONU convoquée jeudi? En attendant, l’armée israélienne a le temps de continuer ses frappes et destructions, de tuer « involontairement » des civils en nombre sans cesse plus grand. Même si l’Allemagne est partie prenante dans une médiation, la chancelière Merkel a réaffirmé aujourd’hui sa solidarité avec Israël et les Pays-Bas apporté un « soutien sans réserve au droit d’Israël de se défendre des tirs de roquettes de Gaza » Et les Américains demandent non pas de savoir pourquoi des civils meurent sous les bombes, mais une « justification » de la destruction de l’immeuble abritant des médias. Parce que le bâtiment abritait les bureaux d’Associated Press? Un « crime » plus important que la mort de Palestiniens? Assez révoltant!
Dans son édition d’aujourd’hui, le Washington Post affirme que l’administration Biden a approuvé la vente à Israël, pour 735 millions de dollars, d’armes à guidage de précision. « Permettre à cette proposition de vente de bombes intelligentes de se réaliser sans faire pression sur Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu ne fera que se traduire par un nouveau carnage » a regretté un représentant démocrate. Les députés ont 15 jours après la notification officielle au Congrès – elle date du 5 mai -pour s’opposer à une telle vente via une résolution non contraignante, a indiqué le journal.
Joe Biden, vieux routier de la politique, connaît parfaitement la situation. Et il déçoit. Durant sa campagne, il avait annoncé qu’il ne ferait qu’un mandat, et sans souci de réélection, il a la capacité d’exercer une très forte pression sur Israël. Les Etats-Unis accordent une aide financière et militaire de plus de 3,3 milliards de dollars par an; ils viennent de reprendre l’aide aux Palestiniens, supprimée par Trump. Montant: 235 millions… 150 millions à l’UNRWA, 75 millions pour le développement et l’économie de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, et 10 millions pour le processus de paix.
Ne serait-il pas temps de rééquilibrer les choses et de regarder les réalités en face. A Washington, à Jérusalem, à Gaza, à Ramallah. Deux Palestine… N’est-il pas curieux que Biden et les Occidentaux demandent à Mahmoud Abbas l’arrêt des tirs de roquettes? En 2006, quand le Hamas a largement remporté les élections législatives palestiniennes,-76 sièges contre 43 pour le Fatah sur les 132 du parlement -, le quartet a lié son aide à la reconnaissance d’Israël et à l’acceptation des accords existants. Le Premier ministre désigné, Ismaïl Haniyeh, a refusé. Le Hamas peut-il toujours prôner la destruction de l’Etat hébreu? Les Palestiniens qui souhaitent la paix, les plus nombreux, savent que le Hamas est engagé sur une voie impossible.
Qu’attendent les Américains? Que le Hamas capitule? Il ne peut le faire qu’au moment où la Cisjordanie s’enflamme pour lui. Ce soir, apprend-on de sources diplomatiques, les Etats-Unis ont rejeté à l’ONU un troisième projet de déclaration qui appelait notamment à « une cessation des violences » et à « la protection des civils, notamment les enfants. »
Bombes et roquettes peuvent encore tomber et semer la mort…