Avec le Président Saïd on est en plein dans le mythe de Sisyphe.On détruit aujourd’hui ce que l’on a construit hier, pour re-détruire demain ce qu’on aura reconstruit aujourd’hui, etcetera…
Jeudi dernier le Président de la république rencontrait Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée des représentants du peuple, après cinq mois d’un « froid »décidé par le locataire de Carthage pour exprimer son mécontentement face au soutien apporté par Ennahdha, principal élément du cordon politique autour du Chef du gouvernement Hichem Mechichi, soutien grâce auquel ce dernier se maintient à la Kasbah au grand dam de Saïd.
Rendue possible par une médiation de l’activiste et ancien dirigeant d’Ennahdha, Lotfi Zitoun, cette rencontre a été ressentie par l’opinion publique comme un pas positif sur la voie de la normalisation de la vie politique dans le pays. Mais comme impatient de démentir ces attentes, Kaïs Saïd s’est précipité hier et aujourd’hui de mettre un bémol avant de torpiller carrément l’espoir qui naissait de sa rencontre avec Ghannouchi.
En veillant à recevoir successivement son ancien directeur de campagne Ridha Mekki alias Lénine et Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du Mouvement du Peuple dont on connaît la proximité notoire avec le Président de la république, celui-ci et contre toutes les traditions et les pratiques de la plus haute fonction de l’Etat, tient les discours les plus inattendus en se laissant aller à des confidences et en se délectant des mots qu’il n’hésite pas ensuite à balancer sur le site officiel de la présidence. Des mots souvent forts proférés dans des moments d’émotion et dans le secret des salons du palais présidentiel, mais qui sont présentés comme étant des discours réfléchis et travaillés.
Que retenir de ces échanges-discours?
Plutôt qu’un projet structuré, clair dans dans son énoncé et précis dans idées, on a droit à chaque fois à des bouts de pensées et une intention de changement, le tout exprimé souvent dans un langage grandiloquent et pompeux et en tout cas loin des attentes du bon peuple.
Le bon peuple veut que son Président lui parle dans une langue accessible et qu’il lui apporte assurance, espérance et perspective.Et non pas seulement refus, rejet et condamnation. Et surtout pas le sentiment absurde qu’on recommence chaque fois tel un malheureux Sisyphe.
Mohcen Lasmar