L’Arcom, Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, s’est penchée sur plusieurs séquences dans les médias qui ont fait polémique en France. Depuis l’attaque du Hamas, le 7 octobre dernier, les intervenants sur les chaines d’informations en continue se sont multipliés. Notamment sur la chaîne CNews, dont la ligne éditoriale très à droite, a donné libre cours à des déclarations jugées islamophobes et xénophobes .
En effet, trois séquences diffusées sur CNews, dont deux après le 7 octobre, ont été transmises par l’Arcom à un rapporteur indépendant, étape préalable à de possibles sanctions pour la chaîne d’information du groupe Canal+.
Dans l’une d’elles, extraite de l’émission le Grand Rendez-vous du 29 octobre, le polémiste Eric Zemmour (Reconquête!) estime l’islam « incompatible » avec la France et la République. Dans une autre, deux jours plus tard, l’avocat Arno Klarsfeld vise une « minorité musulmane qui est agissante » en matière d’antisémitisme et évoque les nombreux musulmans travaillant « sur les chantiers » et ayant « accès à des explosifs ».
Dans la troisième, diffusée fin septembre, avant le début de la guerre, le journaliste Geoffroy Lejeune estime que l’antisémitisme est une des « conséquences » de « l’immigration arabo-musulmane, comme une partie du trafic de drogue, comme la surpopulation carcérale, comme l’abaya, comme tout ça ».
Les autres séquences analysées n’ont pas entraîné d’intervention de l’Arcom, notamment celle pour laquelle Caroline Fourest a été accusée de relativiser la mort d’enfants palestiniens sur BFMTV.
Par ailleurs, suite à un sketch polémique de l’humoriste Guillaume Meurice au sujet du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qu’il a qualifié de « nazi sans prépuce », lui a valu des accusations d’antisémitisme, l’Arcom a adressé une mise en garde à Radio France, jeudi 23 novembre.
Dans l’échelle disciplinaire de l’instance, la mise en garde occupe le deuxième palier, après la lettre de rappel à la réglementation et avant la mise en demeure et les sanctions.
Dans une décision rare pour une séquence humoristique, l’Arcom a estimé que ce sketch avait « porté atteinte au bon exercice par Radio France de ses missions et à la relation de confiance qu’elle se doit d’entretenir avec l’ensemble de ses auditeurs », selon le courrier transmis à la présidente de Radio France, Sibyle Veil, consulté par l’AFP.
« Les risques de répercussions sur la cohésion de notre société ne pouvaient être ignorés, tout particulièrement dans un contexte marqué par la recrudescence des actes à caractère antisémite », a justifié l’autorité, « en réaffirmant l’importance qui s’attache à protéger la liberté d’expression des humoristes ».
L’émission où l’humoriste intervient, « Le grand dimanche soir », sera de retour en direct et en public dimanche, a annoncé France Inter jeudi. Le dernier épisode n’a pas été enregistré en public comme à l’accoutumée, en raison de menaces de mort reçues par l’équipe.