« Au travail, soyez à la hauteur, soyez révolutionnaire » : c’est par ses mots que le président de la République a ouvert le premier conseil des ministres du gouvernement Attal. Il faisait écho à ceux de ce dernier jeudi soir sur TF1 où il a martelé avec force ce qu’il attendait de ses ministres : « de l’action, de l’action, de l’action, des résultats, des résultats, des résultats ». Les deux hommes sont évidemment raccord, mais cela ne donne pas le cap qu’ils vont fixer. Il faudra attendre quelques jours, quand Emmanuel Macron expliquera pourquoi il a remanié et les buts à atteindre.
Il dira sans doute qu’il a choisi la stabilité et la continuité en gardant les « poids lourds » et privilégié les femmes et les hommes qui parlent clairs, qui ont appréciés des Français et qui n’hésitent pas à se battre. Il citera les principaux dossiers, les projets en cours des suites de la loi immigration à la réforme de la fonction publique et à la simplification administrative. La liberté d’avorter inscrite dans la Constitution, l’École, les jeux Olympiques seront aussi évoqués tout comme les élections européennes de juin.
Pas certain, par contre, qu’Emmanuel Macron s’appesantisse sur les raisons de fond qui l’ont conduit à constituer un tel gouvernement. Constatant que la France se droitise, que Marine Le Pen se rapproche de l’Elysée qu’elle peut atteindre en 2027, que Jordan Bardella séduit et se place en tête pour les Européenne dans une Europe où les extrêmes droites populistes progressent , il a misé sur la jeunesse du Premier ministre et sur des personnalités fortes ouvertement opposées au Rassemblement national et qui n’hésitent pas à monter au créneau. Un gouvernement de lutte contre le RN.
C’est dans ce contexte que l’on peut situer l’arrivée de Rachida Dati qui ne faiblira jamais dans la lutte, qui sait parler aux Français et attirer la lumière. Autre calcul politique : même si Eric Ciotti affirme qu’elle ne fait plus partie de la famille républicaine, elle est en mesure d’attirer des voix de députés LR et de permettre ainsi au gouvernement d’arriver à la majorité. A gauche, personne ne faisait le poids. Bien sûr, l’aile gauche de la majorité présidentielle peut renâcler, tout comme Bayrou qui a déjà fait savoir son mécontentement, mais, comme il aime le dire, Emmanuel Macron a pris son risque : en penchant plus à droite, il aurait davantage de chances d’empêcher une victoire du RN. Il met aussi les Républicains devant leurs responsabilités, devant la réalité politique française constituée de trois blocs : la gauche menée par un Mélenchon en perte totale de crédit, la droite RN et Reconquête qui monte et le bloc central formé de Renaissance et de ses alliés. Aux LR de se situer…
Et puis, il faut ajouter dans l’équation le but de Rachida Dati qui est la conquête de la mairie de Paris en 2026. Son alliance avec le pouvoir la met sur de bons rails.