Moins de sept cents mille personnes (700 000), jusqu’à aujourd’hui ont été vaccinées en Tunisie contre la Covid-19.Un sur trois seulement parmi ce chiffre a reçu la seconde dose du précieux vaccin.
Sous d’autres cieux proches, l’opération de vaccination est déjà terminée. Ou presque. Sur l’autre rive de la méditerranéenne, la « mare nostrum », on s’est déjà mis à préparer la saison touristique. En Italie, en Grèce, en Espagne…En France on parle de se débarrasser de l’encombrant masque comme l’ultime signal d’une victoire annoncée sur le maudit virus.
Oui bien sûr, il n’y a pas de « mare nostrum»; nous l’avons bien compris. A chaque pays sa Méditerranée. Ou plutôt l’inverse: à chaque Méditerranée son pays.
C’est la première grande leçon à tirer de cette pandémie. Tout comme la Méditerranée, disloquée et entourée de barrières, le monde s’est révélé à la faveur de cette Covid-19, plus divisé qu’on ne l’aurait jamais imaginé, individualiste et égoïste. Il n’y a pas un monde, il y a des mondes. Et surtout, il n’y a pas d’humanité. Il y a des hommes comme il y a des pays.
Souvenez-vous de toutes ces batailles tragi-comiques entre les grandes puissances autour du misérable morceau de tissu qu’est le masque, de ces guerres de l’intox et de la manipulation, de ces barrières qui se sont vite élevées entre peuples voisins, de cette explosion des sentiments de la peur, de la méfiance et du rejet de l’autre, le semblable, parfois le frère. On eût dit s’être tout à coup retourné aux âges primitifs.
Avec la découverte du vaccin l’espoir est né. Mais il faut attendre que les puissants et les riches se servent. Eux d’abord. Nous ne faisons partie ni des uns, ni des autres. En plus, notre diplomatie est loin de ce qu’elle était. Se comportant en amatrice, elle est incapable de vendre l’image pourtant unique dans son environnement d’un pays arabe et musulman qui fait le choix de la démocratie.
On ne sait même pas d’ailleurs si notre pays s’exprime au cours de la session, la 74 ème du nom, de l’Assemblée mondiale de la santé qui s’est ouverte hier à Genève, et qui va être logiquement centrée sur la question de la pandémie.
Héritière de Carthage qui sut être un moment le centre du monde, notre pays devrait rappeler aux dirigeants de la planète deux choses au moins.
L’inanité, d’abord, de l’égoïsme national face à ce genre de pandémie. Car quand des hommes meurent, peu importe où, c’est tous les hommes qui trinquent. Et notamment ceux qui n’auront plus à qui vendre leurs produits, armes comprises.
L’absurdité, ensuite, des frontières dans un monde globalisé où elles ont vocation à disparaître. On a parlé de deux millions de morts. Ils sont, en fait, plus de huit millions. On n’arrête pas le virus en fermant les frontières.
La seule véritable solution pour ce monde face à cette pandémie- et aux autres pandémies qui arriveront incontestablement- est de jeter les bases d’un multipartisme réel et effectif sur le plan sanitaire.
Une attitude égoïste comme celle qui a marqué les politiques nationales face à la Covid-19 est ruineuse. Pour tous et pour chacun...
Mohcen Lasmar