L’information émane de sources algériennes selon lesquelles la Tunisie a livré le réfugié politique algérien Slimane Bouhafs aux autorités de son pays.
D’après le site « Interlignes », l’activiste, arrêté le mercredi 25 août en Tunisie se trouve depuis la nuit d’hier, du 28 au 29 août dans les locaux de la police à Alger. Pour le moment, « il est placé en garde à vue en attendant sa présentation devant le tribunal Sidi M’hamed à Alger », précise-ton de sources policières.
Bouhafs est interpellé pour ses « relations avec le président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), Ferhat M’Henni » ajoute la même source qui précise que Slimane aurait « une relation très solides avec Ferhat car ils s’appelaient très régulièrement pour échange d’informations sur l’évolution de la situation en Kabylie ».
Selon les mêmes sources, « Il sera présenté devant le procureur près le tribunal Sidi M’hamed dès la fin de ses auditions par les officiers de la police judiciaire qui l’ont maintenu en garde-à-vue pour une éventuelle exploitation ».
Ancien policier, Slimane Bouhafs s’est retrouvé, malgré lui, au centre d’une cabale judiciaire, souligne le site « Interlignes » , précisant qu’il a été arrêté le 31 juillet 2016 et poursuivi pour « insulte à l’islam et offense au Prophète ». Son délit était d’afficher sa croyance religieuse – chrétienne – qui n’est pas celle dominante.
Il a été condamné à cinq ans de prison en 2016 en première instance, avant de voir sa peine commuée à trois ans. Il a quitté la prison après 20 mois d’incarcération car il a bénéficié de la grâce présidentielle à l’occasion de la fête de l’Independence.
Slimane Bouhafs s’est réfugié en Tunisie depuis quelques semaines où il s’est rapproché du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) pour demander le statut de réfugié politique.
Lors de son arrestation, « tous ses papiers ont été confisqués, sauf la carte de l’UNHCR » a déclaré sa fille Thilelli qui ignore encore « qui l’a arrêté et pour quelle raison » s’est-elle interrogée, tout en précisant que « la police tunisienne mène une enquête pour déterminer les causes et les circonstance de son arrestation » a-t-elle ajouté.
A Tunis où les autorités officielles se murent dans le mutisme, des organisations de la société civile ont fait part de leur indignation.
Indignation de la société civile tunisienne
Dans une déclaration conjointe, les organisations et associations ont demandé aux autorités tunisiennes de donner des éclaircissements sur cette affaire, appelant l’Etat à respecter ses engagements internationaux et à garantir les droits des réfugiés.
Les organisations signataires ont estimé que les liens avec les pays amis ne doivent pas être établis aux dépens du respect des engagements internationaux qui protègent les droits des réfugiés et prévoient le principe de non-refoulement.
Des médias algériens ont affirmé dimanche que les autorités tunisiennes ont livré Bouhafs à leurs homologues algériennes pour être traduit devant la justice.
Bouhafs appartient au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé comme organisation terroriste en Algérie. Il a été placé sous protection du Haut- Commissariat des Nations Unis pour les réfugiés (HCR) à Tunis depuis 2018 restant valable jusqu’au mois de septembre 2022.
34 organisations, associations et syndicats ont signé la déclaration. Il s’agit notamment de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), l’organisation Article 19, Avocats sans frontières, Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Association tunisienne pour la défense des libertés individuelles (ADLI).
Il faut noter que ce ne serait pas la première fois que les autorités tunisiennes remettent un réfugié politique à son pays qui le réclame. Le cas de l’ex premier ministre du Kadhafi, Al-Baghdadi Mahmoudi, est encore présent dans les mémoires. Ila été livré aux autorités libyennes par le gouvernement deHamadi Jebali à l’insu de Moncef Marzouki, alors président de la République.