Henry Kissinger, grande figure controversée de la diplomatie américaine et secrétaire d’Etat sous Richard Nixon et Gerald Ford, est mort à l’âge de 100 ans, mercredi 29 novembre. Acteur incontournable de la diplomatie mondiale pendant la guerre froide, il s’est éteint « dans sa maison du Connecticut », a annoncé son cabinet de conseil Kissinger Associates, sans préciser la raison du décès.
La famille du diplomate organisera des funérailles privées, précise le communiqué, évoquant une cérémonie d’hommage publique ultérieure à New York. Avec son décès, « l’Amérique a perdu l’une de ses voix les plus sûres et les plus écoutées en politique étrangère », a salué l’ancien président américain George W. Bush, républicain comme lui.
Juif allemand né en 1923 en Bavière, Heinz Alfred Kissinger, il fuit l’Allemagne nazie et est naturalisé américain à l’âge de 20 ans. Fils d’instituteur, il avait intégré le contre-espionnage militaire et l’armée américaine avant de poursuivre de brillantes études à Harvard, où il a également enseigné.
Initiant le rapprochement avec Moscou et Pékin dans les années 1970, Henry Kissinger a vu son image ternie par des pages sombres de l’histoire des États-Unis, comme le soutien au coup d’État de 1973 au Chili ou l’invasion du Timor oriental en 1975 et, bien sûr, la guerre du Vietnam. La signature d’un cessez-le-feu lui a valu le prix Nobel de la paix avec le dirigeant Nord-Vietnamien en 1973, l’un des plus controversés dans l’histoire du Nobel.
L’homme, qui avait fêté ses 100 ans en mai, avait conservé l’oreille des grands de ce monde, bien des décennies après avoir quitté ses responsabilités dans les affaires internationales. Il s’était ainsi rendu à Pékin en juillet pour s’entretenir avec le président chinois Xi Jinping, qui avait salué à cette occasion un « diplomate de légende ».