L’Association des Magistrats Tunisiens (AMT) a exprimé, dans un communiqué publié dans la soirée du lundi 25 janvier, sa «profonde préoccupation» et «sa méfiance» quant au retard qu’accuse le démarrage de l’enquête administrative et judiciaire ouverte contre le premier président de la Cour de Cassation, Taïeb Rached.
«Le Bureau exécutif de l’AMT exprime sa profonde préoccupation et sa méfiance face au retard qu’accuse la soumission des résultats des investigations menées par l’inspection générale du ministère de la Justice dans le cadre de l’affaire Taieb Rached au Conseil supérieur de la magistrature (CSM)», a souligné l’association dans son communiqué.
L’AMT s’est également étonnée du fait que le juge d’instruction chargé de l’affaire, n’ait pas encore entamé ses travaux relatifs à la collecte des preuves à charge ou à décharge et aux interrogatoires, malgré la levée de l’immunité du premier président de la Cour de Cassation depuis le 24 novembre dernier.
Elle a d’autre part appelé le parquet à «exercer ses prérogatives en toute impartialité pour pour faire éclater la vérité dans ce dossier loin de tout « protectionnisme corporatiste», et pressé le Conseil Supérieur de la Magistrature et le Conseil de l’ordre judiciaire de réclamer l’obtention sans délai des résultats des investigations menées par l’inspection générale du ministère de la Justice.
Il est à rappeler que le Conseil de l’ordre judiciaire avait décidé, le 24 novembre 2020, de lever l’immunité de Taieb Rached, à la demande du Parquet du Tribunal de première instance de Tunis. Le premier président de la Cour de Cassation est notamment accusé d’ «enrichissement illicite», de «malversations financières» et d’ «ingérence dans des affaires impliquant deux influents hommes d’affaires».
L’affaire a éclaté suite à la publication par l’ancien procureur général de la République auprès du tribunal de Première instance de Tunis, Béchir Akremi, d’un rapport contenant des documents évoquant «l’amplification des biens du premier président de la Cour de Cassation, en un court laps de temps, sans que leur source ne soit justifiée et légitime» .
Le président de la Cour de Cassation avait, de son côté, transmis à l’inspection générale du ministère de la Justice un rapport énumérant « les dépassements et les abus opérés par Béchir Akremi pour dissimuler des crimes terroristes et cacher des preuves importantes dans les dossiers des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi».
Ce duel très médiatisé au sommet de l’institution judiciaire, a remis sur la table l’épineux dossier de l’indépendance de la justice en Tunisie.
W. K