La réaction des Libyens, politiques et citoyens, est plutôt calme face aux fuites sur le contenu d’un rapport d’experts, parlant d’un éventuel achat de trois voix, lors du vote pour le choix du nouveau pouvoir en Libye. La tension n’est pas montée du côté des lésés et Aguila, pourtant défait à Genève, continue à négocier les conditions de tenue de la réunion du 8 mars à Syrte, pour accorder la confiance au gouvernement de Abdelhamid Dbeyba.
Le politologue libyen, Adel Khattab explique l’euphorie actuelle par le fait que «les membres du nouveau pouvoir ont un préjugé favorable puisqu’ils ne sont pas connus du public et ils ont fait preuve, jusque-là, d’ouverture envers tout le monde». Le juge Jamel Bennour lui emboîte le pas en assurant que «même les politiciens sont moins agressifs et essaient de trouver des compromis».
La phase de préparation de la réunion du Parlement, pour accorder la confiance au nouveau gouvernement, confirme cette tendance. En effet, après des tergiversations au cours des réunions des députés à Sabratha, ils ont accepté la proposition de la présidence du Parlement de se réunir à Syrte, suite à l’accord du comité militaire (5+5). «Quelque chose a changé chez les Libyens», assure le politologue Adel Khattab.
La question de l’éventuelle corruption de trois membres de la réunion de Genève, pour voter le bloc El Menfi/Dbeyba, aurait pu créer un scandale, si les réseaux politiques s’en étaient emparés. Mais elle est restée plutôt secondaire, même sur les réseaux sociaux, ce qui confirme que quelque chose a vraiment changé chez les Libyens. Jamel Bennour trouve que «les Libyens ont en marre de la guerre et veulent se retourner vers la construction de leur pays. Donc, ce qui compte, c’est d’aller de l’avant et de ne pas bloquer la situation». Les observateurs sont unanimes, en ce moment, pour dire que tous les camps libyens cherchent des solutions, plutôt que de mettre des obstacles. Et c’est ce qui explique la manière avec laquelle a été gérée la question de préparer la réunion du Parlement.
Les préparatifs se poursuivent à Syrte pour accueillir la réunion du Parlement du lundi 8 mars. Elle sera protégée par les troupes du ministère de l’Intérieur du gouvernement Thenay, avec l’aval du Haut comité militaire (5+5). Pareille sécurité aurait été refusée en d’autres temps, quand les députés de l’Ouest considéraient ces troupes de l’Est comme des ennemis.
Il n’y a pas de réserve sur la tenue de la réunion à Syrte, même si les troupes russes Wagner’s sont à moins de 20 kilomètres à la base de Gardhabya. «Le seuil de tolérance des Libyens, entre eux, s’est vraiment développé», constate avec satisfaction le politologue Adel Khattab. Il y a une quasi-certitude qu’au moins 120 députés, de toutes les régions libyennes, seront ce lundi à Syrte pour examiner l’octroi de confiance au gouvernement Dbeyba.
La même attitude a été observée chez le président du Parlement, Aguila Salah, candidat malheureux à Genève pour la présidence du Conseil présidentiel. Aguila est en train de gérer avec beaucoup de rigueur les préparatifs de la réunion d’octroi de confiance au gouvernement de Abdelhamid Dbeyba.
Le président du Parlement a certes demandé à la délégation de l’ONU en Libye de lui fournir, si possible avant la réunion du 8 mars, le rapport des experts de l’ONU concernant la réunion de la commission politique libyenne, qui a élu le nouveau Conseil présidentiel et le chef du gouvernement.
Un groupe de 29 députés a fait la même requête. Aguila justifie sa demande par la nécessité de lever le doute sur tout ce qui touche le Conseil présidentiel. Mais, le président du Parlement poursuit ses préparatifs pour la réunion de lundi prochain. La Libye semble connaître un nouveau jour.