L’Égypte prépare un terrain de 20 kilomètres carrés près de Gaza pour accueillir plus de 100 000 personnes en prévision d’une offensive israélienne contre la ville de Rafah. C’est ce qu’affirme le Wall Street Journal et l’agence Reuters qui citent des sources égyptiennes non identifiées. Ils ajoutent que l’enceinte qui devrait accueillir les Gazaouis fuyant la guerre sera entourée d’une grande muraille.
Les autorités égyptiennes ont démenti la construction d’un camp pour les réfugiés palestiniens dans le Sinaï (région abritant le mont homonyme localisée à l’extrême est de l’Égypte). Officiellement, la position du Caire reste inchangée concernant le refus d’un déplacement forcé des Gazaouis vers le Sinaï rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti.
Pour les Égyptiens, soutenus par tous les gouvernements arabes, ce serait une nouvelle « Nakba » (« catastrophe », en arabe) du nom du grand exode forcé des Palestiniens à cause de la création de l’État d’Israël, en 1948.
Une position réitérée ces derniers jours par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors de la visite en Égypte de son homologue turc Recep Tayip Erdogan. Les deux présidents ont, par ailleurs, mis en garde contre une offensive israélienne visant Rafah, le dernier refuge des Palestiniens au sud de Gaza.
Il faut « éviter à tout prix » que les Gazaouis massés dans le sud du territoire palestinien fuient en Égypte, car cela signerait « l’arrêt de mort » d’un processus de paix, a déclaré vendredi à la BBC le patron de l’agence de l’ONU chargée des réfugiés. « Les gens ne devraient pas traverser la frontière », a exhorté Filippo Grandi, depuis Munich où il participe à la 59e Conférence sur la sécurité. « Ce serait catastrophique pour les Palestiniens, en particulier pour ceux qui seraient obligés de se déplacer encore une fois; ce serait catastrophique pour l’Égypte à tous points de vue et, plus important que toute autre chose, une nouvelle crise des réfugiés signerait l’arrêt de mort d’un futur processus de paix », a souligné le chef du HCR.
Les 14 kilomètres de frontière entre l’Égypte et Gaza sont défendus par un double mur en béton de six mètres de haut et d’un « no man’s land » de cinq kilomètres de large. Des renforts en hommes, chars et blindés ont été récemment dépêchés à la frontière.
Environ 1,4 million de personnes, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises, sont massés à Rafah, où ils vivent dans des conditions extrêmement difficiles, manquant de nourriture, de soins et vivant dans des abris de fortune pour un grand nombre d’entre eux. « Plus de la moitié de la population gazaouie s’entasse dans moins de 20 % de la bande de Gaza », résume l’ONU.