Lors d’un séminaire tenu jeudi à Tunis, les associations « Aswat Nissa » et « Femme et citoyenneté au Kef » ont présenté un rapport annuel alarmant sur le féminicide, révélant que 25 cas ont été répertoriés au cours de l’année 2023.
Ce rapport met en évidence la complexité du phénomène du féminicide, défini comme le meurtre d’une femme en raison de son sexe et de son identité. La sociologue Fethia Saidi a souligné lors de cette rencontre que le féminicide tend à devenir un problème social de plus en plus préoccupant, avec une recrudescence notable dans plusieurs régions.
Elle a mis en avant l’augmentation des crimes perpétrés en raison de conceptions patriarcales et sexistes qui justifient la violence pour maintenir une domination et une supériorité.
Haifa Zaghouani, responsable de la lutte contre la violence et le féminicide à l’association Aswat Nissa, a présenté les données statistiques du rapport, soulignant que la tranche d’âge la plus touchée est celle des 26-35 ans, suivie par celle des 36-45 ans. Elle a également noté que la plupart des victimes ne sont pas financièrement autonomes et n’ont pas de revenus réguliers.
Les participants ont unanimement critiqué le manque d’action de l’État et l’absence d’une stratégie claire pour mettre en œuvre les mécanismes de protection prévus par la loi. Le rapport recommande ainsi une actualisation des données statistiques par les autorités compétentes, notamment le ministère de la Famille et de la Femme ainsi que l’observatoire national pour la lutte contre les violences faites aux femmes.
Les représentantes des associations ont également plaidé en faveur de la généralisation des centres d’hébergement pour les femmes victimes de violence dans toutes les régions, ainsi que pour l’adoption de textes législatifs et réglementaires visant à fournir une assistance juridique aux femmes victimes de violence.