Par Sayda Ben Zineb
Dans sa fête de fin d’année, l’hôtel Hasdrubal Thalassa à Yasmine Hammamet a accueilli, comme à sa tradition, le CSO, l’Orchestre Symphonique de Carthage sous la houlette du Maestro et directeur Hafedh Makni pour un programme musical original et grand public à la fois. L’organisation a été confiée à l’association Hasdrubal pour la Culture et les Arts (Mohamed Amouri). L’orchestre, riche d’une soixantaine de musiciens de tous les âges et dont le plus jeune n’a que onze printemps, a offert à son public un festival de sons éclectiques de divers horizons.
Le CSO s’est musicalement baladé dans le monde, de l’est vers l’ouest, du nord au sud, avec, au centre, une musique aux accents orientaux qui structure le programme comme sa colonne vertébrale. Pour un projet aussi ambitieux, il a fallu une pièce introductive tout aussi ambitieuse. C’est donc un autre des Makni, famille d’artistes de père en fils par ailleurs, Mohamed, qui a composé cette Ouverture Belfort pour l’orchestre. La pièce reprend subtilement un motif musical d’un air bien connu venu du Moyen Orient, un clin d’œil aux origines des Carthaginois. Cette Ouverture s’est dressée aux portes de Carthage et s’est fait l’écho d’une invitation au reste du monde. Elle a annoncé ses couleurs orientales et les a exhibées pour que d’autres sons et d’autres musiques d’un ailleurs lointain viennent la rejoindre.
Il en a été ainsi. Sous la baguette magistrale du Maestro Hafedh Makni, une grande valse « brillante » à trois temps s’est introduite dans le hall de l’hôtel comme dans un salon viennois du dix-neuvième siècle. Dans un premier temps, ce fut l’air très connu de Chostakovitch et sa « Valse numéro 2 », suivi des « Patineurs » de Waldteufel et sa magnifique introduction avec un dialogue entre instruments à vent et ceux à cordes : jeu de va-et-vient, question-réponse. Pour finir, en troisième temps, ce fut la « Valse de l’Empereur » de Johann Strauss qui a enchanté l’oreille du public, certainement familier avec cette pièce.
Dans ce genre de musiques orchestrales, il y a mélodie comme dans une valse, « chantée » en premier par la main gauche du conducteur. Il y a aussi rythme, l’autre pilier de la musique classique, et là, c’est la main droite du maestro qui a fait marcher son orchestre au pas ; rythme qu’on a retrouvé battu dans les Marches jouées par le CSO sous la baguette inlassable de Hafedh Makni. Ce tempo bien singulier a orné la « Marche Russe – Fantaisie » et la « Marche Persane », toutes deux de Johann Strauss. La marche Radetzky du père Strauss, très connue du grand public, a été jouée comme bouquet final du spectacle.
Avant cela, d’autres accents multilingues se sont invités à la fête avec des reprises de tubes populaires, version instrumentale, ou des compositions originales aux airs d’ailleurs avec un thème oriental subtilement enfoui. Des titres comme « Quizas » (Osvaldo Farrés), « Sway » (Pablo Belran Rviz) et « Bakhta » (Abdelkader El Kadhi) ont été arrangés pour le jeu orchestral. Pour ce qui est des compositions originales, un « Prélude » et trois pièces de sa « Suite des Nations », toutes composées par Mohamed Makni ont décoré la fin du programme avec, à la clé, deux grands airs grand public, « La Marche Radetzky » (Strauss père) et « Le Beau Danube Bleu » (Johann Strauss).
Dans ce brassage musical de sons de chez nous et d’ailleurs, dans un espace au nom d’un carthaginois à la tête de son armée puissante qui a fait rayonner la gloire de Carthage à la conquête du monde, ce sont des armes d’un autre genre qui ont conquis le cœur de leur public lors de ce spectacle ; des notes de musique savamment orchestrées et minutieusement jouées par le Maestro Hafedh Makni, à la tête de son armée de musiciens, l’Orchestre Symphonique de Carthage. Du très bon divertissement pour les amateurs de la musique classique comme pour le grand public.