Début janvier 2024, à la surprise générale, le plus grand champ pétrolier de Libye, al-Sharara, a été fermé par des manifestants qui protestaient officiellement contre leurs conditions économiques et sociales, dans un Sud libyen abandonné par Tripoli. Mais d’autres raisons semblent avoir motivé cette fermeture de plus de deux semaines, comme le dévoile la presse espagnole.
C’est une fuite de la police espagnole à la presse qui a révélé l’affaire. Comme l’écrivaient ce week-end deux médias espagnols, Cronica Global et Atlantico Hoy, la fermeture du champ pétrolier libyen aurait été organisée par Saddam Haftar, le fils le plus influent du maréchal Haftar qui dirige l’armée nationale libyenne (ANL) à l’est du pays. Il aurait ainsi voulu se venger des autorités espagnoles, qui lui avaient bloqué un trafic d’armes.
Selon un procès-verbal de la police nationale espagnole obtenu par les médias en question, l’Espagne a intercepté fin 2023 des armes et des matériels militaires acheminés depuis l’Europe vers Abou Dhabi, avec la ville de Benghazi, en Libye, comme destination finale. Saddam Khalifa Haftar, qui dirige la brigade Tarek Ben Ziad, l’une des plus fortes et des plus équipées de l’Armée nationale libyenne, devait en être le destinataire.
La fermeture de ce champ pétrolier semble donc être intervenue, affirme la presse espagnole, sur instruction de Saddam Haftar, qui visait à frapper les intérêts de la société Repsol et à imposer à l’Europe une nouvelle équation : du pétrole contre des armes.