Le Bürgenstock Resort, dans le canton suisse de Nidwald, accueille ce weekend une conférence internationale sur la paix en Ukraine. Les buts sont clairs, définis par le Département fédéral suisse des Affaires étrangères : «stimuler un futur processus de paix, élaborer des éléments pratiques et définir les étapes en vue d’un tel processus». On attend des propositions pour une «paix globale, juste et durable en Ukraine».
La Russie, qui n’est pas invitée à cette réunion qu’elle qualifie de “ passe-temps absurde” , n’entend cependant pas en être totalement absente. Vladimir Poutine a pris les devants ce vendredi et rappelé sa position : il négociera avec Kiev en cas de retrait des forces ukrainiennes des quatre régions qu’il revendique – Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia- et de renoncement à rejoindre l’Otan. Le contraire du plan en dix points de Volodymyr Zelensky qui insiste sur l’intégrité territoriale de son pays.
Ainsi, le dirigeant russe entend dicter le tempo, imposer le cadre des discussions. Il sait que les Occidentaux, alliés de l’Ukraine, arrivent au Bürgenstock plus ou moins divisés. Si le soutien sans faille à Kiev sera renouvelé, s’il sera répété que la Russie ne doit pas gagner, certains dont les Etats-Unis et sans doute l’Allemagne et la France souhaitent aller vers un compromis -des territoires en échange de la paix- mais pour y arriver, ils veulent d’abord mettre l’Ukraine dans une position favorable sur te terrain. Pas évident.
Moscou sait aussi que l’union espérée autour du pays envahi est affaiblie par l’absence des Etats du Sud, à part l’Inde. Le fossé entre l’occident et le « Sud global »…
Poutine s’appuie également sur l’opinion ukrainienne : moins de soutien au maintien du Donbass dans l’Ukraine (de 77,5% à 57,2%), baisse continue de l’approbation de la politique de Zelensky, de 90% au début de la guerre à 59% aujourd’hui. On pourrait enfin ajouter la perspective du retour de Donald Trump en novembre prochain…
De fait, l’ambition de la conférence suisse sera moins de trouver de nouvelles voies pour arriver à la paix que de dénoncer une fois de plus le manque de crédibilité du Kremlin, que de trouver des solutions à trois dossiers : la liberté de navigation sur la mer Noire liée à la sécurité alimentaire, la sécurité nucléaire et énergétique, le retour des 20 000 enfants ukrainiens déportés en Russie.
