Depuis la pandémie de Covid-19, le nombre d’enfants des rues âgés de moins de quinze ans a explosé dans la capitale Antananarivo. Si les associations de la société civile et les Nations unies ont du mal à chiffrer cette hausse avec précision, toutes sont formelles : cette progression est réelle, ne serait-ce que par constat visuel.
À l’occasion de la Journée internationale des enfants en situation de rue, le 12 avril, plusieurs organisations ont tiré la sonnette d’alarme. Ils étaient près de 12 000 en 2015, mais aujourd’hui, impossible de déterminer leur nombre, car il n’y a pas eu de statistiques officielles à ce sujet depuis. Un vide qui constitue un obstacle à une bonne prise en charge, selon Christine Magny, coordinatrice de l’association graine de bitume et secrétaire de la Plateforme de la société civile pour l’enfance. « Ces enfants se déplacent constamment sur des trajets différents », explique-t-elle. ”La cartographie de jour et de nuit est différente, ce qui demande un important dispositif pour les recenser. »
La pandémie de Covid-19 a également appauvri les plus vulnérables, puisque « la mendicité n’était plus possible pendant le confinement, ajoute Christine Magny. Il n’y avait plus de touristes, plus de petits boulots non plus. Beaucoup de familles se sont retrouvées sans toit, car sans revenus. » La pauvreté, ajoutée aux violences intrafamiliales, a précipité bon nombre de mineurs dans les rues de la capitale. Mais la rue n’offre pas de répit : une fois livrés à eux même, ces enfants ne sont malheureusement pas épargnés par les violences. La stigmatisation, la pauvreté, la saleté, les invectives, les insultes, mais aussi les violences sexuelles concernent filles comme garçons à Madagascar. En octobre 2021, une étude du cabinet Ethno logik, basé à La Réunion, montrait que 40% des enfants des rues interrogés subissaient des violences physiques.