Le président a dominé le match retour. Tous les arbitres-commentateurs ont consacré sa victoire, 4 à 0 a dit l’un d’eux. Moins catégorique, Emmanuel Macron préfère déclarer que ce sont les Français qui diront dimanche qui est le vainqueur. Les 16,5 millions qui ont regardé le débat -moins qu’en 2017, mais plus en parts d’audience- n’ont pas trouvé de quoi changer d’avis ou s’en forger un s’ils s’étaient indécis ou abstentionnistes. Rien de nouveau au bout de deux heures et cinquante minutes et peu de punchlines qui marqueront vraiment. Certes, Macron a surpris avec son « finito », son « ripoliner la façade » de l’Europe et son « ce n’est pas Gérard Majax ce soir », des références datées et Le Pen a riposté avec son « climato hypocrite », mais ce n’est pas suffisant pour inverser ou attirer un vote. Un débat finalement apaisé et serein, clair mais à la limite de l’ennuyeux au point que l’insoumis Alexis Corbières se demande pourquoi elle a été aussi « molle ».
Cet après-midi Marine Le Pen s’est réveillée et emportée en taclant son adversaire de la veille, « un Emmanuel Macron égal à lui-même, très arrogant, très méprisant. Ça n’a étonné aucun Français, puisqu’ils subissent cette arrogance et ce mépris depuis 5 ans ». Elle en conclut : « j’ai toutes les chances de gagner ». Bardella approuve qui voit en Macron « le plus grand insulteur » qui ne cesse de mentir. A Londres, le plus grand des bookmakers ne partage pas cet avis et propose une cote de 1,08 pour Emmanuel Macron et de 8 pour Marine Le Pen. En Belgique, c’est du 1,14 et 5,75. Dans Le Monde, les chefs de gouvernement allemand Olaf Scholz, espagnol Pedro Sanchez et portugais Antonio Costa appellent implicitement à voter pour Emmanuel Macron car Marine Le Pen est « une candidate qui se range ouvertement du côté de ceux qui attaquent notre liberté et notre démocratie ».
Plus calme que sa rivale, le président s’est fait vivement interpellé cet après-midi sur son arrogance en Seine-Saint-Denis, territoire des insoumis où il a répété qu’ « il ne faut pas s’habituer aux idées de l’extrême droite ni à son projet funeste » et que « les quartiers sont une chance pour la République ». Convaincre les mélenchonistes qui à 61% contre 36 l’ont trouvé meilleur…Ce soir, les jeux semblent faits , mais il reste chez beaucoup de Français un désir de changement, d’essayer cette Marine qui n’a jamais gouverné mais qu’ils redoutent. Nombreux seront ceux qui voteront pour le moins pire. Pas réjouissant pour la démocratie.