Comme en Tunisie où le discours xénophobe explose, le racisme est omniprésent dans le royaume chérifien. Dans la commune rurale d’Aït Amira, des migrants subsahariens subissent un véritable calvaire. Le quotidien français Libération a enquêté.
« Le Maroc, devenu ces vingt dernières années un lieu de transit et d’immigration, est souvent épinglé par des organisations de défense des droits humains pour les mauvais traitements infligés aux migrants d’origine subsaharienne. Ces mesures répressives se sont généralisées depuis la reprise des relations diplomatiques entre Rabat et Madrid, avec des arrestations massives et des transferts de population dans les régions méridionales. «La collaboration entre l’Europe et le Maroc accroît la vulnérabilité des migrants à toute une série de violations des droits de l’homme, contribue à attiser le racisme à l’égard des ressortissants d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale», pointe un récent rapport du groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants. De son côté, la presse dénonce régulièrement le «déferlement» d’une vague de Subsahariens et s’inquiète d’une potentielle «invasion» du pays.
Des exemples d’actes racistes, Mamadou «pourrait en citer des dizaines». La veille encore, alors qu’il rentrait de Laâyoune, dans le Sahara-Occidental, «des Marocains sont descendus du bus quand ils ont vu qu’il y avait des noirs à l’intérieur. On a vécu des choses tellement choquantes qu’on ne peut même pas tout raconter…»
A tour de rôle, les Subsahariens énumèrent les discriminations dont ils ont été victimes : agressions, vols, insultes ou humiliations. «Si quelque chose coûte 1 dirham, le vendeur t’en demandera 2. Idem pour les loyers, que l’on paie parfois 500 dirhams [45 euros, ndlr] alors que les Marocains ne déboursent que la moitié de cette somme.» Peu à peu, les langues se délient, y compris chez les plus timides : «En fait, ils ne nous considèrent pas…» dit un adolescent au regard sombre et vêtu d’un maillot de football du Paris Saint-Germain ».