« Peut-être des milliers de morts » redoute le préfet de Mayotte après le passage destructeur du cyclone Chido. Sur les deux îles principales, Petite Terre et Grande terre, on ne voit plus que des montagnes de décombres : tôles, équipements électroménagers, meubles. « Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérables de victimes », a commenté auprès de l’AFP une source proche des autorités.
La catastrophe naturelle, due au déchaînement des éléments, que vit Mayotte est aussi et surtout un drame de la misère. Ce 101ème département français est le plus pauvre, le moins développé avec des chiffres que l’on a du mal à croire : un revenu médian par habitant de 3140 euros par an, sept fois moins qu’en métropole, une éducation faible avec 15% de diplômés contre 72% en métropole, 40% de chômage, 77% des habitants sont sous le seuil de pauvreté, un tiers vit dans des « habitats précaires », des « bangas » que Chido a emporté, 30% n’ont pas l’eau courante.
L’archipel compte officiellement un peu plus de 320 000 habitants dont la moitié de Comoriens et d’Africains de la région des grands lacs. En réalité, il y aurait aussi au moins une centaine d’autres milliers d’illégaux.
Les secours se sont vite organisés pour apporter de la nourriture, réparer les conduites d’eau, rétablir l’électricité, rendre opérationnels les centres de secours et l’hôpital – la plus grande maternité de France- qui a été endommagé. La solidarité joue à plein, mais également et malheureusement la récupération politique.
Le premier à se manifester sur X a été l’insoumis en chef, Jean-Luc Mélenchon : « « Le cyclone frappe Mayotte de plein fouet. Une population rendue vulnérable et abandonnée est soumise à une terrible épreuve. Le pouvoir méprisant et incapable, occupé par son nombril, n’a rien prévu ni organisé ». Aussitôt, la député LIOT de Mayotte, Estelle Youssoufa, a riposté : « Mayotte n’a même pas encore compté ses morts que les charognes sont déjà à l’œuvre pour leur politicaillerie méprisable… Honte à vous Jean-Luc Mélenchon qui n’avez pas un mot de compassion sincère pour la population mais seulement la bave du rapace avide de pouvoir ».
Quand Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait déclenché l’opération Wuambushu, un « décasage » pour raser les bidonvilles et donner aux habitants un habitat plus sûr – un bilan très mitigé-, LFI avait dénoncé des expulsions et une « chasse aux migrants ».
Le Rassemblement national a vite ressorti son cheval de bataille. Le député Julien Odoul a mis en cause la « submersion migratoire qui vient des Comores ». « Tout cela malheureusement était prévisible et n’a pas été anticipé ». « Nous savons que Mayotte est dans une zone cyclonique (…) et nous savons que les efforts n’ont pas été faits en termes d’infrastructures ».
Même si Paris est responsable de la situation de son archipel de l’Océan indien, de ses infrastructures défaillantes, il n’est vraiment pas glorieux et même très bas pour des hommes politiques de se servir d’une catastrophe pour attaquer un gouvernement, un président dont ils veulent la chute…