Impossible de le vendre, louons-le. Au Mexique, le président Andrés Manuel López Obrador cherche depuis quatre ans à vendre son avion officiel, qui coûte trop cher. Mais l’appareil lui reste sur les bras, alors il a décidé de changer de stratégie : le luxueux Boeing 787-8 Dreamliner va être proposé à la location, pour des mariages, des anniversaires, des voyages d’entreprises et d’autres festivités. Le président en a fait l’annonce lundi 28 mars 2022, au cours d’une conférence de presse, rapporte France 24.
Il s’agit d’un nouveau rebondissement dans une histoire commencée il y a plus de quatre ans. En effet, celui que les Mexicains et les médias internationaux surnomment « AMLO » essaye de se débarrasser de cet avion depuis le début de son mandat, en décembre 2018. Il l’a d’abord mis en vente juste après son élection pour respecter une promesse de sa campagne, pendant laquelle il s’était engagé à limiter les dépenses de fonctionnement de l’État et de son gouvernement. Ce luxueux avion, comprenant notamment une suite présidentielle avec chambre et salle de bains avait été acheté en 2008 pour 218 millions de dollars par l’ancien président Felipe Calderón et utilisé par son successeur Enrique Pena Nieto pour ses déplacements. Et l’appareil est un gouffre financier. Ses coûts opérationnels sont estimés à environ 500 000 pesos mexicains, soit 22 500 € par heure de vol, selon le magazine économique Capital.
Les coûts de maintenance se montent à plus de 1,4 million d’euros par an, d’après les informations du Financial Times, quotidien britannique spécialisé dans l’actualité financière, du moins aux États-Unis, où il est resté entreposé un moment dans un hangar en Californie. Le nouveau président mexicain a fait de ce Boeing un symbole, pour dénoncer les excès et la corruption de ses prédécesseurs.
Néanmoins, depuis quatre ans, malgré la mise en vente, personne n’a acheté l’avion présidentiel. Le chef d’État mexicain a pourtant tout tenté : en janvier 2021, il a même organisé une tombola, dont le gros lot devait être l’avion.
Sur le papier l’idée semblait aboutie : Il était prévu que six millions de billets de tombola au coût de 500 pesos, soit environ 24 €, seraient mis en vente. L’État mexicain s’attendait donc à quelque 144 millions d’euros de bénéfices.
Mais les événements ont pris une tout autre tournure. « Le projet de livrer physiquement l’engin comme gros lot au gagnant, jugé impraticable, a été écarté. Comment un simple citoyen prendrait-il les manettes pour garer l’avion dans son allée ? », rapportait le quotidien Libération, en octobre 2020. À la place, des lots « équivalents à la valeur de l’avion », ont été émis mais la loterie n’a pas rencontré un grand succès auprès des Mexicains. Le gouvernement a donc été obligé de racheter une grande partie des billets pour les offrir à des hôpitaux. Il aurait ainsi dépensé 500 millions de pesos, soit 20 millions d’euros, d’après Libération.