Le bombardement israélien qui a tué un journaliste et en a blessé six autres le 13 octobre dans le sud du Liban mérite une enquête pour « crime de guerre », ont estimé jeudi Amnesty International et Human Rights Watch auprès de l’AFP, à l’occasion de la présentation de leurs rapports jeudi. Les enquêtes indépendantes menées par HRW et Amnesty International sont parvenues aux mêmes conclusions que celle de l’AFP publiée ce jeudi, désignant l’utilisation d’un obus de char de 120 mm d’origine israélienne.
« Les attaques israéliennes mortelles contre des journalistes doivent faire l’objet d’une enquête pour crime de guerre », affirme Amnesty dans un communiqué présentant les conclusions de son enquête. « Les responsables de la mort d’Issam Abdallah et des blessures de six autres journalistes doivent rendre des comptes. Aucun journaliste ne devrait être ciblé ou tué simplement parce qu’il fait son travail. Israël ne peut pas être autorisé à tuer et attaquer impunément des reporters », déclare Aya Majzoub, directrice adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, citée dans le communiqué.
« Les deux frappes israéliennes […] étaient apparemment des attaques délibérées sur des civils, ce qui constitue un crime de guerre », estime de son côté Human Rights Watch dans un communiqué. La loi humanitaire internationale « impose un devoir, en tout temps pendant un conflit, de ne cibler que des combattants et des objectifs militaires » et « il est interdit en toutes circonstances de mener des attaques contre des civils », rappelle HWR.
Or l’enquête menée par Human Rights Watch « suggère fortement que les forces israéliennes savaient ou auraient dû savoir que le groupe qu’elles attaquaient était composé de journalistes », souligne Ramzi Kaiss, expert libanais de HRW, cité dans le communiqué.




Une enquête de l’AFP désigne un obus de char israélien
Une enquête de l’Agence France-Presse, publiée également ce jeudi, sur le bombardement qui a tué un journaliste de Reuters et a blessé six autres reporters dont deux de l’AFP, dans le sud du Liban le 13 octobre, désigne un obus de char israélien.
Issam Abdallah, 37 ans, avait été tué alors qu’il travaillait avec six journalistes à proximité de la frontière avec Israël. Deux collègues de Reuters, deux journalistes de la chaîne Al Jazeera, et deux de l’AFP ont été blessés, dont la photographe Christina Assi, 28 ans, grièvement atteinte, qui a subi une amputation de la jambe droite et reste hospitalisée. Ces reporters étaient venus couvrir les affrontements transfrontaliers entre l’armée israélienne et des groupes armés dans le sud du Liban, où la communauté internationale s’inquiète du risque d’extension du conflit entre Israël et le Hamas.
L’AFP a enquêté en analysant et en recoupant les images de six médias présents ce jour-là avec les témoignages de journalistes, d’habitants et de sources sécuritaires, et en interrogeant plusieurs experts en armement. Ces sept semaines d’investigations, menées conjointement avec le collectif britannique d’experts et d’enquêteurs indépendants Airwars, montrent qu’un obus de char de 120 mm stabilisé par des ailettes, exclusivement utilisé par l’armée israélienne dans la région, est à l’origine de la frappe mortelle. La succession de deux frappes, espacées de 37 secondes, montre qu’elles étaient ciblées, soulignent les experts interrogés par l’AFP et Airwars. Les journalistes étaient par ailleurs clairement identifiables.
Sollicitée par l’AFP sur les conclusions de son enquête conjointe avec Airwars, l’armée israélienne n’a pas répondu. Elle s’était dite dans un premier temps « très désolée » de la mort du journaliste Issam Abdallah, sans reconnaître sa responsabilité.