–Nidhal Chemengui, vous êtes rédactrice en chef de l’E-mag « No’o cultures » spécialisé dans la critique d’art. Vous êtes également attachée de presse sur de nombreux festivals et événements culturels tunisiens de renom. Comment vivez-vous cette épidémie de covid 19 qui met littéralement un frein aux activités culturelles et artistiques dans le pays ?
« Je vais commencer par évoquer le début de la pandémieq ui coïncidait avec la sortie du premier numéro de l’e-mag de « No’ocultures » aussi bien dans sa préparation que dans sa mise en place. Il faut dire qu’on ne s’est pas posé beaucoup de questions étant donné que j’étais sur Tunis et Eustache Agboton mon coéquipier au Burkina Faso. Le travail à distance apparaissait comme une évidence et on a su, de fait, s’adapter. Le problème s’est surtout posé par rapport aux événements en Tunisie.
Au début de l’année 2020, la plupart si ce n’est toutes les manifestations artistiques et culturelles ont été annulées, des événements aussi bien privés que publics d’ailleurs. Un sentiment de désarroi total accompagné d’une remise en question nous ont alors envahis. On se pose alors des questions existentielles et on s’interroge sur l’avenir de notre métier et bien entendu ce qu’il adviendra de nos enfants. Je ne cache pas ma crainte et mon angoisse par rapport au devenir de la culture et du métier dans notre pays. On se retrouve du jour au lendemain sans aucune garantie avec l’obligation de vivre avec nos petites réserves. Tout était flou et on devait s’accrocher aux lueurs d’espoir qui s’éteignaient les unes après les autres selon l’évolution de la pandémie. J’ai travaillé aux JCC pour l’édition 2020 ce qui a un peu sauvé l’année. Ce qui est à retenir c’est qu’un festival doit se préparer pendant toute une année et ainsi offrir le « luxe » à son équipe d’être payé sur l’année. Être en freelance est un challenge chaque jour même si on a la liberté de choisir nos projets pour garder la flamme de la passion qui anime ce métier intact.
Par ailleurs nous nous sommes retrouvés face à une faille énorme (comme c’est le cas dans les pays en voie de développement ou sous développés). La faille réside dans le fait qu’il n’ y a aucune garantie, ni structure adéquate qui offre une vie décente face à ce genre de crise. J’estime que c’est une leçon de vie à prendre en considération que ce soit au niveau personnel ou au niveau des structures nationales. Être artiste ou travailler avec des artistes n’est pas un luxe mais bien un gagne pain vital pour tout un secteur et pour plusieurs familles. L’Etat ne mesure pas encore l’impact de ce secteur et n’en tire malheureusement pas profit et surtout, surtout il y a une absence totale de structuration et de professionnalisation de ces métiers qui demandent à être revalorisés ».
Propos recueillis par Waley eddine MESSAOUDI