Jamel Belhassen
Jouée devant un amphithéâtre de Carthage plein comme un œuf, l’œuvre de Abdelhamid Bouchnak a réellement impressionné les présents par la qualité de la production et par les moyens techniques mis en œuvre. L’événement a été précédé par un hommage rendu à Ons Jabeur, la ministre du bonheur et la finaliste de Wimbledon. Elle était entourée des ministres de la culture et des sports.
Sur une scène élargie et divisée en deux plateaux, cette comédie musicale inspirée du feuilleton ramadanesque Nouba, a enchanté par l’alternance entre chants, danse et dramaturgie. La chorégraphie a été d’un niveau artistique élevé et la scénographie bien maîtrisée. Les personnages devenus familiers pour la majorité des présents ont exprimé avec souffrance et parfois avec joie et bonheur leurs passions et amours.
La participation de Lotfi Bouchnak a constitué un moment plein de charme et la communion avec le public à travers l’interprétation de » kif chbaht khialek ». Cette comédie musicale très exigeante au niveau de la construction et de fluidité pour éviter des temps morts à vu défiler des artistes comme Samir Loussif, Abdelwaheb Hanachi, Kafon, Tlili Gafsi, Rim Riahi etc le tout sur fond d’une médina de Tunis des années soixante-dix où se confrontent des classes sociales de types différents, de Weld Errebat à celui de Menzah 6, du bandit du quartier ( Bringa joué brillamment par Chedli Arfaoui) à la danseuse du ventre, à l’amoureux éconduit etc. On ne peut omettre de relever l’excellente prestation de Aziz Jebali qui ne cesse de confirmer son talent de comédien.
Cependant, comme la perfection n’est pas de ce monde, on reproche à cette œuvre artistique sa longueur. En effet tenir en haleine un public durant près de trois heures et demie n’est pas du tout aisé sur des gradins inconfortables sans risque de lassitude malgré la qualité du produit. Et puis, on aurait aimé que Abdelhamid Bouchnak limite la production des chanteurs à une seule chanson et dont le thème colle bien à celui de la comédie car accorder à Hanachi Loussif ou Gafsi une trentaine de minutes chacun finit par écarter l’attention de l’essentiel, de la trame de base. Sinon, ce spectacle gigantesque aux niveaux technique, artistique et humain vaut bien le détour.